Linael 6 – moins seule

Journal de Linael

L’absence de Toune me pèse de plus en plus. Je m’inquiète pour elle qui est restée dehors. J’essaie de me rassurer en me disant qu’elle est maline et qu’elle aura bien trouvé un abri, et puis je ne m’inquiète pas des radiations, j’ai l’impression qu’elles agissent moins vite sur les animaux, et que c’est seulement sur leur descendance qu’elles se manifestent.

Ici, en ville, malgré la foule c’est la solitude qui prédomine. Les gens semblent se côtoyer sans se voir. Parfois je croise des groupes. Quand leur sujet de conversation n’est pas des allusions à peine voilées à ce qu’ils attendent de moi, c’est qu’ils discutent de choses idiotes comme savoir qui est le plus fort, qui a la plus belle armure, ou que sais je encore. Bref c’est pas ça qui va m’inciter à sortir de ma réserve.

Heureusement pour ma santé mentale il y a quelques exceptions. Par exemple cette femme qui m’a aidé à me trainer à l’hospice l’autre soir ou j’avais été vraiment amochée par un rat géant, ou le colosse blond qui enseigne l’art du combat aux portes de la ville.

Et puis par chance j’ai rencontré une fille encore plus timide que moi et tout aussi seule. Elle doit être un peu plus agée que moi, et on s’est découvert une envie commune de sortir de la ville. Elle c’est la montagne qui l’attire, moi c’est les forêts.

C’est une soigneuse et je lui ai demandé comment elle faisait  des bandages et comment elle nettoyait des blessures. Elle m’a promis de m’apprendre. En échange je vais lui montere comment suivre une piste et comment reconnaitre les empreintes au sol. En mutualisant nos connaissances on deviendra surement plus aptes à nous défendre.

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Linael à l’auberge avec Lioca

Linael 4 – La Shaa’da

Journal de Linael – Page 13

Aujourd’hui je respire un peu mieux. Je ne sais pas si c’est mon nez qui s’habitue à la puanteur qui règne, ou si le vent du Sud a un peu assainit l’air. Toujours est il que je n’ai plus envie de vomir sans arrêt.

Je m’habitue aussi à la méfiance généralisée. Je vis comme une ermite, évitant soigneusement tous les attroupements. Hélas c’est pas comme ça que je vais connaitre du monde et la solitude me pèse de plus en plus. Si encore j’avais les bruits de nos forêts pour me distraire … rien ici à part les hurlements qui déchirent la nuit et les vociférations de type qui se disputent et se bagarrent.

Que faire pour m’intégrer ? Et est ce que c’est pas trop dangereux de s’intégrer ?

J’ai bien essayé d’occuper mon esprit en travaillant chez le forgeron. J’ai réussi à fabriquer un arc. Un joli arc que j’ai décoré en lui donnant la forme d’un corps de cobra. La tête n’est pas aussi expressive que j’aurai voulu, mais ça ressemble quand même. La prochaine fois je prendrai une pièce de bois plus large pour pouvoir mieux sculpter la tête.

Enfin, ça reste une occupation temporaire, car je ne me vois pas finir ma vie entre 4 murs. Les espaces me manquent. Peut être que je devrai aller me renseigner auprès des Arpenteurs. Je rêve de sortir de cette ville … étrange quand même j’avais tant espéré y trouver mon bonheur. Mais je commence à croire que je me suis fourvoyée … pas la moindre trace de Ghazis.

Ils doivent rester à l’extérieur pour se protéger des abrutis fanatiques qui vivent dans cette prison qu’est Luminis.

Ma décision est prise ! Je dois rencontrer ces Arpenteurs, une fois dehors je trouverai bien un de ces Ghazis.

Linael 2

Journal de Linael – page 12

Ca fait un moment que je n’avais pas écrit, il faut que je le fasse plus souvent. L’écriture ça aide à combattre la solitude.

Je suis sur la place d’entrée de Luminis. Un petit groupe de réfugié discute un peu plus loin … discuter, se chamailler, boire et chercher des filles ça à l’air d’être l’occupation principale des réfugiés. Dire que je croyais que j’allai trouver un paradis !

Drôle de paradis. Des ruelles crasseuses ou s’écoulent les trop plein des égouts, la misère et des tarés agressifs partout : ça fait deux fois que je suis bousculée par un homme singe. C’est bizarre qu’on les laisse se promener librement ici. L’autre jour un de ces macaques couvert de ferraille est venu directement sur moi, alors que je marchai tranquillement sur un côté d’une grande allée. Il m’a dit « Tu vois pas que tu bouches le passage« . Je me suis écartée et j’ai répondu, « Excusez moi monsieur, passez donc« . Cela a du satisfaire sa fierté de mâle. Il m’a fait penser aux gars du village qui faisaient des concours pour voir qui pissait le plus loin. Les mâles, tous pareils !

Il n’y a pas que des singes ici. J’ai vu un gnome, aussi arrogant que son pif est gros, apparemment plein aux as. Il y a aussi des demi-hommes qui se pavanent. J’en ai vu un, qui se dit Lieutenant d’un certain Baron, faire rattacher son lacet par un réfugié. Mais ou suis donc venu me fourrer ? Pas étonnant que la ville soit crasseuse avec toutes ces sous races qui s’y promène.

Le seul quartier à peu près propre c’est celui des nains. Mais ça reste des nains qui ne pensent qu’à boire et à se battre.

Et c’est pas tout. Les elfes ont un quartier juste à côté du notre. Comme disait le sage du village, les elfes c’est tous des ermafrodites (Note : lire hermaphrodites). Je crois qu’il voulait dire qu’ils ont les deux sexes, un peu comme les escargots.  Ceci dit j’ai jamais vérifié, et j’ai pas du tout envie de le faire. Que le messie me préserve mieux qu’il n’a protégé …. (suite de la phrase rayée, et l’encre a un peu bavée comme si le journal avait été refermé précipitemment).