Chapitre 9 – Trahison ?

             Chapitre 9 – TRAHISON ?

Après quelques heures de repos, Arwen se réveilla seule dans la chambre. Elle avait un fort mal de tête. K’arla était déjà sortie. Elle avait posé un verre de lait frais sur le chevet d’Arwen.

Arwen ne put réprimer un sourire, K’arla n’était pas qu’une tueuse froide et sans âme. Sous le verre se trouvait un mot :

« Arwen,

Deux membres de l’équipage ont disparus cette nuit. Tina m’a demandé d’aller enquêter. Je serai de retour dans la soirée. Prépare-toi, pour une éventuelle nouvelle mission de nuit.

J’ai demandé à Armine de te faire visiter le bateau et de te présenter à l’équipage.

Dosst khal’abbil K’arla »

Elle but son lait, puis sortit sur le pont. Il était près de midi. La journée était belle, contrastant avec l’atmosphère de la veille. Cela aurait été une belle journée si elle n’avait pas cet horrible mal de tête.

 

Arwen se massa les tempes. Le mal de tête ne se dissipait pas, en dépit des herbes calmantes qu’elle avait ajoutées au lait. La vue de la ville ravagée et la puanteur de mort qui emplissait l’air n’aidait en rien.

Arwen ferma les yeux. Dans sa tête elle se voyait dans les bois de Lunargent. Allongée au bord d’une petite rivière. Non loin d’elle, elle voyait son frère Erwan en train de se baigner et jouer dans l’eau avec Aribeth. Tout était calme et paisible. Et soudain une  créature monstrueuse, mi-femme, mi-lézard fit son apparition. ‘Arwen, viensss me rejoindre, n’écoute passs le mal qu’on dit de moi. Je veux t’aider. Je veux aider ton amie Aribeth. Viensss vers la tour’. Elle secoua la tête et rouvrit les yeux. Ce n’était pas le moment de craquer. De l’autre côté des quais elle apercevait le toit du temple de Tyr. Un peu plus près la tour des Arcanes. Une irrésistible envie d’entrer dans cette tour la prit. ‘Viensss Arwen !’ 

Une autre voix répondit. ‘Arwen, n’écoutes pas cette créature. Ne crains rien, je suis avec toi.’ Machinalement Arwen serra son amulette sacrée. L’horrible image de la créature fût remplacée par une grande drow aux longs cheveux argentés qui lui souriait.

Arwen secoua la tête, se demandant ce qui venait de se passer. Des volutes argentées flottaient autour d’elle. Son mal de tête avait disparu.

 

Ses pensées furent interrompues par la cloche qui annonçait l’heure du déjeuner. Elle se dirigea vers le réfectoire et s’assis à une table, seule et songeuse. A côté d’elle un groupe d’hommes et de femmes discutaient. Il était question d’elle et d’Aribeth. Elle tendit l’oreille :

« Je vous le dit, ces deux elfes ne nous amèneront rien de bon. »

« Moi je fais confiance à Tina. »

« Imbécile, Spikel m’as dit que le nouveau maître de la Tour des Arcanes nous a proposé une alliance. »

Un des hommes qui regardait vers la porte fit signe aux autres de parler moins fort, une humaine de carrure athlétique venait d’arriver. C’était Armine, la seconde de Tina et responsable de l’équipage. Elle paraissait avoir environ 25 ans, et était un peu plus grande qu’Arwen mais beaucoup plus large d’épaules. Son teint hâlé et ses cheveux  noirs coupés au carré, indiquait qu’elle provenait certainement d’une tribu barbare du Nord. Elle vint directement à la table d’Arwen. « Arwen, je te cherchais. K’arla m’a demandée d’être ton guide aujourd’hui. »

« Je ne veux pas te déranger dans ton travail. »

« Ne t’inquiètes pas pour cela Arwen, et puis … ça fait partie de mon travail de veiller à tout sur ce bateau. »

 

Arwen passa une partie de l’après-midi avec Armine qui lui fit visiter tous les recoins du bateau. Armine était bien une barbare comme l’avait initialement supposé Arwen. Elle venait de la haute forêt et les deux jeunes femmes avaient rapidement sympathisé en se découvrant le même intérêt pour la nature.

En fin d’après-midi Armine appelée par ses devoirs prit congé d’Arwen, en lui promettant de la rencontrer de nouveau rapidement.

La visite du bateau avait été une parenthèse relaxante pour l’esprit préoccupé d’Arwen, mais maintenant elle était à nouveau seule.

Seule et inquiète.

Aribeth aurait dû la faire appeler depuis longtemps. Quelque chose ne tournait pas rond. Elle alla s’accouder au bastingage. Son regard s’attarda sur l’eau troublée du port. Finalement n’y tenant plus, elle se dirigea vers leur chambre.

Aribeth n’était pas là, et les gardes lui confirmèrent qu’elle était sortie depuis peu. Elles avaient des ordres pour ne pas laisser entrer du monde, mais pas pour empêcher Aribeth de sortir.

Arwen remonta en courant sur le pont principal. Un matelot lui indiqua qu’il avait vu une elfe en armure argentée quitter le bateau.

De plus en plus inquiète Arwen se précipita sur les quais, scrutant les alentours. Aucune elfe en vue ! ‘Ou peut-elle être allée?

Arwen courut vers le bloc de maison le plus proche. Toujours personne!

Se remémorant son étrange rêve de la matinée Arwen eut un mauvais pressentiment.‘Morag! Morag une fois de plus! Peut-être qu’elle a essayé d’attirer Ari vers la Tour?’ Arwen se dirigea rapidement vers la Tour et stoppa à quelques pas de l’entrée. A part un garde isolé il n’y avait aucun signe de vie.

Elle interpella le garde «Bonjour, je cherche une amie elfe, en avez-vous vu une ? »

Le garde cracha par terre en direction d’Arwen « Si c’était le cas, elle serait morte, les elfes sont des démons … maintenant dégagez, les portes sont fermées. »

Découragée Arwen se résigna à revenir vers le bateau pour quérir l’aide de Tina. Sur le chemin du retour elle remarqua une forme humanoïde assise entre deux caisses. Elle s’approcha avec précaution.

Soulagée elle reconnut Aribeth.

 

L’elfe était assise, la tête enfouie dans ses mains. Sans aucun doute, quelque chose n’allait pas!

Arwen s’approcha un peu plus« Ari, tout va bien? »

Pas de réponse !

Arwen posa la main sur l’épaule de son amie « Ari, tu m’entends? C’est moi, Arwen! »

Aribeth rejeta sa main d’un geste rageur « Laisse-moi tranquille voleuse ! »

« Mais Ari … »

Aribeth lui mit la lettre de Fentick sous le nez « Tu es fière de toi ? »

Arwen reconnut la missive qu’elle avait trouvée chez Inther. « Attends je vais t’expliquer ! »

 

*****

Aribeth avait passé la journée à ruminer les pensées haineuse inspirées par Morag, et maintenant la coupable se tenait devant elle. « M’expliquer quoi ! Que tu m’as volé Fentick ? Moi qui te faisais entière confiance ! Laisse-moi maintenant, je ne veux plus te voir ! »

« Ari, Je n’ai jamais aimé Fentick! Demande à K’arla ou on a trouvé la lettre! »

« Une drow! C’est tout ce que tu as comme alibi. Pathétique! Maintenant laisse-moi avant que je ne perde patience.»

La colère d’Aribeth était telle qu’elle accompagna ses paroles d’une violente poussée contre Arwen. Surprise, la demi elfe perdit son équilibre et tomba à la renverse, heurtant ainsi de la tête le coin d’une caisse. Elle cria puis sombra dans l’inconscience.

Aribeth se figea. Elle s’agenouilla à côté du corps inerte et posa sa main sur la poitrine de la demi-elfe, et constata avec soulagement que son cœur battait toujours. Dans son geste elle effleura le médaillon sacré d’Arwen. Celui-ci se mit à vibrer.

‘Qu’est ce que j’ai fait!’ Un sentiment de culpabilité avait remplacé la colère de l’elfe. Etait ce l’effet du symbole sacré, ou tout simplement un éclair de lucidité dans son esprit embrouillé?

Arwen avait toujours été une amie fidèle et attentionnée. Peut-être le meilleure amie qu’elle ait jamais eu. Et puis aurait-elle capturé Fentick après sa fuite si elle l’avait aimé ? Cela ne collait pas.

Aribeth regretta de ne pas avoir écouté les explications de son amie. Elle se mordit la lèvre et se pencha sur le corps inerte.

Doucement elle caressa la joue d’Arwen avec le dos de sa main « Arwen ? Arwen réponds je t’en supplie ! »

Arwen ouvrit les yeux. «Ma tête. J’ai mal.» Reconnaissant Aribeth elle esquissa un sourire, les yeux embués de larmes. «Ari, je te jure que je ne t’ai pas trahie … demande à Tina, elle possède le journal d’Inther dans lequel se trouvait la lettre … Eilistraee est témoin, je ne t’ai jamais trahie, je préfèrerai mourir.»

 

‘J’ai failli la tuer et ses premières paroles sont pour me jurer qu’elle ne m’a pas trahi!’ Aribeth aida son amie à s’asseoir et prit ses épaules dans ses bras. «Arwen, je suis sincèrement désolée … Je ne comprends pas ce qui m’est passé par la tête … Si j’en crois Tina, je suis libérée de l’influence de Morag, mais toute la journée j’ai eu son affreuse voix dans la tête. Maintenant, avec toi à mes côté sa voix est partie … S’il te plait, pardonnes moi. Pardonnes moi d’avoir failli encore une fois, je te crois petite soeur.»

Arwen se tourna vers son amie. «Ari, tu me crois? Je te promets que je n’ai pas aimé Fentick, même si il me l’avait demandé j’aurai refusé, Je …»

«Tu es trop gentille Arwen. Je suis une bonne à rien incapable de contrôler mes démons … mon esprit est troublé depuis des semaines.» Aribeth se rappelait les dernières semaines qui l’avaient vu glisser lentement mais surement dans la folie. Les maux de tête, les cauchemars. La potion donnée par Fentick pour soi-disant l’apaiser. Ses propres doutes quant à cette potion et l’insistance de Fentick pour qu’elle continue à la prendre malgré qu’elle ne provoquait aucune amélioration. Tout cela entrecoupé de disputes avec son fiancé à propos de Desther et de la méthode à employer pour vaincre la mort hurlante. Le Seigneur Nasher qui ne lui faisait plus entièrement confiance et qui écoutait Desther et Ophala son ancienne maîtresse. « OPHALA !» Le nom avait presque été craché «Pourquoi Fentick m’a fait ça? Je sais qu’il m’a trompé avec Ophala. Pourquoi? C’est une câtin … mais il était tellement impatient de faire l’amour, et je refusais, je lui demandais d’attendre le mariage » Aribeth se mit à pleurer « J’aurai dû faire ce qu’il voulait, j’aurai dû … tu te rappelles Arwen, je t’en avais parlé »

Arwen sentait son amie complètement brisée. Elle pria sa déesse ‘Eilistraee, Ma Dame, s’il te plait aide moi à trouver les mots qui pourraient l’aider’ Elle se tourna vers son amie, lui séchant ses larmes du dos de la main. «Ari, c’est du passé … oublie !  Tu ne tireras rien de bon en ressassant tout cela. Tournes toi vers l’avenir, tu es jeune, tu as encore la possibilité de choisir ta voie et de retrouver la sérénité. »

«Je ne peux pas oublier. J’ai tout perdu … mon Dieu, mon fiancé, ma ville, mes amis … et maintenant j’ai la confirmation des doutes affreux que j’avais … tout cela pour un homme qui ne m’aimait plus et qui m’a trahie …»

Arwen passa ses bras autour du cou de son amie et l’embrassa sur la joue. « Ari, ne dis pas ça s’il te plait ! Tu as toujours des amies, je suis là, et Tina aussi … Et Fentick a probablement été manipulé par Morag. Elle a presque réussi à te corrompre, alors imagine comme cela a dû être facile avec Fentick … il était bien plus faible que toi.»

Aribeth renifla, et s’essuya les joues. Elle gardait la tête baissée «Fentick aurait dû m’en parler !»

Arwen prit la main de son ami. «Ari, toi non plus tu n’as pas parlé de ce qui t’arrivait. Rappelles toi quand je te trouvais pâle et affaiblie … Tu ne m’as pas dit la vérité …»

Elle murmura, «J’avais peur de t’embêter, Arwen. Une autre erreur de ma part.»

Arwen opina tristement. «Tu ne peux pas être blâmée pour cela Ari, tu avais un tel fardeau sur les épaules: l’épidémie, Desther le fourbe, Nasher malade, Fentick … et Fentick a dû être enjôlé par Ophala. J’ai essayé de te prévenir, mais tu ne pouvais pas écouter. Tu te bloquais dès qu’on parlait de Fentick. Tu ne voulais pas voir qu’il était faible et couard. Tu étais aveuglée. »

Aribeth soupira, «Tu as raison Arwen, j’étais aveuglée, mais comprend moi, c’était mon premier amour. Je …  j’étais prête a lui donner mon amour, l’amour que les elfes ne donnent qu’une fois.»

Serrant son amie un peu plus fort, Aribeth ferma les yeux «Je me sens beaucoup mieux. C’était juste une autre de mes crises de colère. Je suis désolée.»

 

Elles restèrent silencieuses un moment, se serrant l’une contre l’autre comme pour puiser la force dans leur amitié reforgée. Ce fût Arwen qui rompit le silence «Ari, je ne suis pas du tout fâchée, ce nest pas de ta faute. Ce n’est pas une crise de colère, c’est Morag qui a joué avec tes sentiments …. Elle …elle a essayé avec moi. »

“QUOI!” Aribeth avait sursauté. Elle leva la tête et fixa la sombre Tour des Arcanes en serrant sa mâchoire. ‘Tu n’aurais jamais dû faire cela Morag ! Tu n’as pas le droit de l’importuner, c’est mon amie. C’est ma soeur, ma seule famille. Je jure que je vais te faire payer ce que tu as essayé de faire. Je jure que je vais te tuer !

Inquiète du silence de son amie, Arwen essaya de la rassurer « Ne t’en fais pas pour moi Ari, Eilistraee m’a protégée »

Aribeth se détendit un peu, posant son menton sur la tête d’Arwen. « Arwen, je te promets que je vais me battre. Je ne veux pas que Morag essaye de vous corrompre, toi ou Tina. Je vais aller dans la Tour. Je suis certaine que Morag s’y trouve. Je vais aller là bas et je vais la tuer!»

«Pas toute seule Ari, je vais t’accompagner, mais tu dois d’abord reprendre des forces.»

Aribeth soupira « Tu as … Mais regarde voilà Tina et la drow ! »

Alertée par ses gardes de la disparition d’Aribeth, Tina avait fait fouiller le bateau, puis s’était décidé à poursuivre les recherches sur  le port.

« Ari, qu’est ce que tu fais ici, c’est dangereux ? Mes protections magiques n’agissent pas ici. »

Aribeth ne pouvait pas accepter cette réprimande, surtout devant une drow « Je ne suis pas une petite fille Tina »

« Je sais bien Ari, je dis seulement ça pour ton bien, la créature qui attaque ton esprit est très puissante et ici près de la tour c’est encore pire ! Accepte de te reposer encore quelques jours.»

« Mais … » Aribeth soupira « Tu as raison Tina, je retourne dans ma chambre ! »

 

******

Un peu plus tard dans la soirée Arwen se retrouvait dans le bureau de Tina ou elle avait été convoqué en compagnie d’Armine, K’arla et Phil. Aribeth se reposait dans sa chambre, protégée par les plus puissants sorts de Tina et Rose.

Tina tournait en rond dans son bureau, les autres attendaient. Elle prit la parole d’une voix tremblante d’émotion « Mes amis, je sais que ce que je vais faire mets en danger le succès de notre mission, mais mon amitié est plus forte que mon devoir. Je dois ma vie et ma liberté à Ari et je dois l’aider. Si vous décidez de ne pas me suivre dans cett voie, je laisse le commandement à Phil et je pars avec Arwen et Ari … je m’en remet à votre décision ! »

C’est Phil qui prit la parole le premier « C’est toi qui commande Capitaine, je te suis sans me poser de question »

L’elfe sourit « Merci Phil » elle se tourna vers Armine « Tu peux commander si Phil me suis »

La barbare regardaTina droit dans les yeux « C’est toi le capitaine, je suis à ton service, et j’ajoute que l’équipage est bien en main, ne t’inquiètes pas capitaine »

« Merci Armine ….K’arla ?»

Tous les regards se tournèrent vers la drow qui jouait avec une dague les yeux mi-clos.

« K’arla ! »

La drow abandonna son jeu « Oui Tina ? »

« J’ai posé une question, K’arla »

« J’ai entendu, mais je ne fais pas partie de l’équipage, je suis juste une mercenaire »

« Ne dis pas ça K’arla, tu sais bien que ton avis compte »

La drow, qui était assise sur un coin du bureau de Tina, se leva « Tu veux mon avis ! Alors si j’ai bien compris, pour sauver ton amie elfe qui déteste les drows, il faudrait que je me mette à dos une demi-déesse maléfique, un haut capitaine de Luskan et toute sa clique de traine savate, et que j’accède à la Tour des Arcanes d’où on ne sort jamais sans autorisation ! C’est bien ça que tu veux Tina ? »

« Oui, mais tu es libre de refuser et je comprendrai que tu refuses. »

La drow resta silencieuse un moment, fixant Tina de ses yeux qui paraissaient plus rouges que d’habitude, puis elle éclata de rire « Tu sais ce qui me plait chez toi Tina ? »

« Euh non … je ne comprends pas K’arla »

« Hé bien avec toi on ne s’ennuie jamais … je vais quand même pas me défiler au moment ou je vais pouvoir m’amuser. Je te suis, mais il y a une condition ! »

« Laquelle, si c’est en mon pouvoir je l’accepte »

« Parfait ! Quand ça sera terminé, je veux que tu m’emmènes visiter ton temple de Séluné dont tu me rebat les oreilles depuis des mois »

L’inquiétude qui se lisait sur le visage de Tina avait fait place à un large sourire de joie « Tu … tu veux te convertir K’arla ! »

K’arla leva les mains « Holà ! Doucement jeune fille … j’ai dit visiter …. pas plus ! Bon maintenant qu’on à fini avec les civilités si on revenait à notre mission de ce soir. »

Tina aquiesca et retourna s’asseoir à son bureau « Je vous remercie tous, maintenant venez voir ce qu’on va faire ». Elle déplia une carte de Luskan et les autres s’approchèrent pour l’examiner avec l’elfe.

*******

Au même moment au sommet de la Tour des Arcanes …

Une forme saurienne venait de se matérialiser sous les yeux de Maugrim.

Le prêtre se leva et s’inclina obséquieusement « Bonsoir Reine Morag ! »

« SSSUFFIT IDIOT ! Tu as éssssoué à tuer la jeune batarde »

« Je ne sais pas Reine Morag, je n’ai plus de nouvelle de celui que j’ai envoyé à ses trousses. Un des meilleurs assassin du Nord »

« Peu importe, tu as essssoué, je vais m’en occuper moi-même »

« Comment, reine Morag, tu ne penses pas qu’on a assez perdu de temps avec cette donzelle ? »

« s’est une affaire perssssonelle maintenant ! Aucun ssssang ssssaud ne me réssssissste impunément … Voilà un rituel qui va te permettre d’invoquer 5 de mes meilleurs guerriers »

Maugrim parcourait le parchemein que venait de lui donner Morag « Diantre ! sacrifier 5 jeunes mères et leurs enfants … ça va pas être facile à trouver ! »

« Débrouille toi ! » Morag tourna les talons et disparu.

Chapitre 8 – REVELATIONS

             Chapitre 8 – REVELATIONS

Peu de temps après Arwen et K’arla arrivaient près du bateau.

Le calme qui régnait à proximité contrastait fortement avec le tumulte des rues de Luskan. Deux gardes étaient en poste à l’entrée de l’embarcadère.

« Bonjour, K’arla, notre capitaine n’est pas endormie … elle vous attend. »

*****

Tina avait passé la nuit à attendre le retour de K’arla et Arwen. Ses gardes étaient couchées et seul Phil était resté pour veiller sur elle.

Elle regardait tendrement le jeune barbare qui tuait le temps en sculptant un morceau de bois. Un homme loyal, et attentionné. Des qualités qui faisaient facilement oublier son caractère entier et soupe au lait et elle le considérait un peu comme son fils. Elle se rappelait leur dernière conversation, lorsque le jeune homme lui avait fait part de ses sentiments à propos d’Arwen.

« Elle me déteste ! J’essaie de la protéger et elle me déteste.»

« Phil, elle ne souhaite pas être protégée. Cesse de mettre en doute ses capacités et tout ira mieux ! »

Ses pensées revinrent sur K’arla et Arwen. ‘Qu’est ce qu’elles font ? J’espère qu’il ne leur est rien arrivé de fâcheux. Je ne dois pas m’endormir …’

La nuit d’attente avait été mouvementée. Deux fois Tina avait dû venir au chevet d’Aribeth et utiliser les pouvoirs conférés par sa déesse, Séluné, pour repousser de nouvelles attaques de Morag.

Morag ! La seule évocation du nom de la créature la faisait frissonner. Elle incarnait le mal, et elle semblait en vouloir particulièrement à son amie Aribeth.

*****

Arwen et K’arla étaient arrivées dans les coursives désertes du bateau. Elles s’arrêtèrent sur le seuil de la porte ouverte du bureau du Capitaine. Phil se leva, prêt à repousser les arrivants. Il se détendit en reconnaissant les deux femmes, et indiqua du menton son Capitaine. Tina était assise à son bureau, la tête entre les mains.

K’arla passa derrière son capitaine et mit sa main droite sur son épaule, avec une tendresse qu’Arwen ne soupçonnait pas chez elle. Tina se réveilla, identifia la main de K’arla et posa sa propre main dessus. « K’arla ? »

La drow se pencha sur son Capitaine et lui chuchota à l’oreille. « Désolée d’interrompre ta rêverie. Nous avons trouvé l’antidote. »

Tina se redressa. En voyant Arwen elle rougit et essaya de se donner une contenance « Bien joué toutes les deux ! Arwen, veux-tu aller donner l’antidote à Rose qui est au chevet d’Aribeth ? Je dois parler avec K’arla.»

Pressé de revoir son amie Arwen acquiesça et se dirigea vers la cabine qui leur avait été attribué. Elle n’était pas trop rassurée sur ce que K’arla allait dire à son Capitaine. Le fait d’avoir cédé à ses sentiments, au risque de faire échouer la mission ne la rendait pas très fière d’elle.

Elle donna l’antidote à Rose qui la rassura au sujet de la santé d’Aribeth. « Elle est actuellement endormie par un sort. L’antidote va la faire dormir pendant un ou deux jours entiers. Peut être moins si elle est très forte, mais quand je vois son état, je doute. »

Arwen revint vers le bureau du Capitaine. Phil l’attendait à l’entrée. « Viens, elles ont fini, elles t’attendent. »

Tina se leva et vint à sa rencontre.  « Arwen, je suis contente du succès de votre mission. Peut-être devrions nous envisager une collaboration plus permanente ? »

« Mais … »

Tina leva ses mains, paumes ouvertes, en signe d’apaisement. « Patience Arwen. K’arla m’a expliqué ton souci concernant nos objectifs. Je vais tout t’expliquer, si tu me laisse parler. »

« Elle n’a dit rien de plus? » Répondit Arwen, un peu nerveuse.

Tina fronça les sourcils, « non, à part que tu sais te servir d’un arc et de tes sabres ! » Elle se tourna inquisitrice vers K’arla, « Il y a d’autres choses que tu ne m’as pas révélées ? »

« Oui, Capitaine ! » K’arla éclata de rire. «Elle ne boit pas d’alcool. »

Tina leva les yeux au ciel « C’est plutôt une qualité, non ? »

Étonnée, Arwen interrogea K’arla du regard. Celle-ci lui fit un clin d’œil. Arwen remercia mentalement la drow puis répondit « Je crois … Mais c’est vrai que j’ai quelques questions au sujet de vos objectifs. »

Tina lui présenta un siège. « Je comprends … S’il te plait assieds-toi là. » Elle retourna à sa place. K’arla vint s’asseoir sur le rebord du bureau et Phil prit le dernier siège libre. « Détends-toi Arwen, nous ne sommes pas des criminels ou des esclavagistes. Nous ne sommes pas non plus alliés avec Maugrim … ni même avec Luskan … Ce serait plutôt le contraire. »

Elle fût interrompue par Phil. « Capitaine, elle est trop jeune et trop sensible. Elle nous mettra en danger. »

« Phil, laisse moi finir ! » Tina accompagna ses paroles d’un geste impérieux lui signifiant de rester tranquille. Le barbare se leva d’un bond, et sorti de la pièce en ronchonnant.

Tina leva les yeux au ciel ‘Il n’a rien compris de ce que je lui ai dit cette nuit !’. Elle le suivit du regard puis se tourna vers K’arla. Celle-ci haussa les épaules et suggéra « Si il était une femme, je te dirais que c’est la mauvaise période du mois ! »

« Bon, on le connaît. Ca lui passera.» Nota avec fatalité Tina, avant de se caler confortablement dans son fauteuil. « Bon, revenons à notre affaire. Tu vois, Arwen, je veux prendre le contrôle de Luskan. Je me suis dit que cette ville avait assez souffert … La milice est affaiblie par la lutte entre les hauts capitaines, et quand l’armée de Maugrim sera partie vers Pasdhiver, la ville sera une proie facile pour une force déterminée. J’ai 50 hommes ici, 70 autres sur un deuxième bateau ancré à un jour de mer de Luskan et j’espère le concours d’une tribu d’Urtgard et de quelques déserteurs de Luskan. »

Arwen était sidérée par ces révélations. Elle objecta. « Cela ne te servira à rien si Maugrim arrive à ses fins. Tu ferais mieux de nous aider à le vaincre. »

« Mais c’est ce j’ai prévu. Ou plutôt … » Elle s’interrompit, savourant la surprise qu’elle allait faire, « ce que Dame Alustriel a prévu. »

« Dame Alustriel ! Tu … tu la connais ? »

« Bien sur Arwen, je travaille pour elle. »

Arwen se tassa dans son siège, abasourdi par ce que Tina venait de lui révéler et fâché contre elle même de ne pas avoir compris plus tôt. Dame Alustriel, la dirigeante des Marches d’Argent était une des personnes les plus puissantes, et surtout les plus aimées de Faerun.

« Il y a un problème Arwen ? »

« Non. Je … enfin j’aurai du deviner que tu n’étais pas une pirate. Sinon Aribeth ne serait pas ton amie. Je me suis encore trompée. Je me trompe tout le temps. Mon père a raison, je ne suis qu’une coureuse des bois sans cervelle. »

« Oh Arwen ! » Tina se leva et vint s’agenouiller devant Arwen. « Je suis désolée, je voulais te le dire plus tôt mais les évènements m’en ont empêché. Tu sais tout le monde ici, même Phil, pense que tu possèdes une qualité très rare. Tu es fidèle à tes amis et cela mérite le respect. Peu importe que tu ne sois pas une diplomate ou une érudite, tu es bien comme tu es, et celui qui dira le contraire aura affaire à moi. »

« Et à moi ! » reprit en écho K’arla

« Merci à vous deux, vous êtes gentilles … Excuses moi de t’avoir interrompue, Tina, tu peux continuer, s’il te plait. »

« Bon je reprends. Je sais que Maugrim recherche des artefacts puissants dans le Nord, et que ceux-ci sont plus ou moins liés avec le sort de Pasdhiver. Je veux les trouver avant lui. Ils me serviront de monnaie d’échange pour négocier un pacte de non-aggression avec les seigneurs de l’Alliance. Tu imagines Arwen, le Nord libéré de la menace de Luskan … » Tina fit une pause et reprit, « voilà, tu sais tout maintenant. Alors est ce que tu veux bien travailler pour moi ? »

« Ar …Ari est au courant de tout cela ? »

« Non. Elle sait juste que je travaille pour Alustriel. Je ne lui dirai le reste que lorsque je serai certaine que Morag ne risque pas de lire mes plans dans son esprit. Maintenant tu devrais aller te reposer. Demain Ari devrait être réveillée et tu pourras lui parler. D’accord ? »

Arwen marmonna « Oui, oui, merci … une dernière chose … sais tu pourquoi cette Morag veut contrôler Aribeth ? »

Tina soupira « Hélas non ! J’ai envisagé plusieurs hypothèses sans conclure … en tous cas Morag a déjà réussi à affaiblir Pasdhiver en discréditant une de ses figures emblématique. »

K’arla se leva « Allez viens petite elfe. Je pense que tu devrais laisser Aribeth se reposer pendant quelque temps. Ne crains rien, Rose est à son chevet, et ainsi son lit est disponible dans ma chambre. »

*****

Arwen accepta l’offre. Il était effectivement plus sage de ne pas déranger Aribeth tout de suite. Elle suivit la drow jusqu’à sa cabine qu’elle partageait habituellement avec Rose et Armine.

Tandis qu’Arwen s’étendait sur un des lits, K’arla alluma une petite bougie parfumée. Puis elle se dirigea vers son propre lit, enleva ses bottes et son armure de cuir, et s’allongea. « Alors petite elfe, tu es un peu rassurée sur nos intentions ? »

Arwen avait placé ses mains sous sa tête et examinait le plafond. « Oui, mais je veux connaître l’avis de Ari avant d’accepter l’offre. »

La drow se tourna face à Arwen, « l’amitié d’abord. Il y a quelques années je t’aurai ri au nez en entendant cela. Depuis, Tina a changé ma vision des choses. Maintenant, si tu n’es pas trop fatiguée, j’aimerai te poser une question avant que nous ne nous reposions. »

Fermant les yeux, Arwen répondit « Que veux-tu savoir ? »

« Tu vois, je suis à la surface depuis environ 150 ans. J’ai déjà entendu parler d’Eilistraee, mais je me demande comment une fille comme toi a pu connaître une divinité drow ? »

« Oh, c’est simple, mes parents n’habitaient pas très loin d’un petit groupe de prêtresses de La Dame aux cheveux d’argent. Quand j’étais jeune, il m’arrivait de quitter la maison la nuit pour me promener dans les bois. Une habitude que j’ai dû hériter de ma mère qui était une éclaireuse de Lunargent. Lors d’une de ces excursions nocturnes, j’ai vu les adeptes d’Eilistraee danser sous la lune et j’ai beaucoup aimé. Alors je suis retournée de plus en plus souvent à cet endroit. Une nuit, l’une d’elle est venue à ma rencontre. Elle m’a demandée de venir les rejoindre. C’est comme cela que j’ai connu Eilistraee. »

La drow avait pris une petite bouteille dans le tiroir de son chevet. « Comment cela a-t-il été admis par tes proches ? »

L’odeur de la bougie avait un effet reposant sur les nerfs d’Arwen. Son instinct lui disait qu’elle pouvait se confier à cette drow. Son instinct l’avait rarement trompée. « Mon père s’est mis en colère, mais j’ai été défendue par ma mère qui a un esprit plus ouvert. A part eux, très peu de personnes sont au courant … mon frère, Aribeth et … maintenant toi. »

K’arla se redressa sur son coude. « Je te remercie de la confiance que tu places en moi ! »

Arwen se tourna vers la drow en souriant. « Hé bien … disons que je te suis reconnaissante de ne pas avoir dit à Tina comment j’ai réagi pendant notre mission … »

K’arla se rallongea en riant « Arwen, tu me surprends de plus en plus ! »

Naïvement Arwen répondit « Pourquoi ? Tu n’es pas une personne digne de confiance, K’arla ? »

Avant de répondre la drow but une gorgée de sa bouteille et l’offrit à Arwen qui refusa d’un mouvement de tête « Hmm délicieux, tu as tort, Arwen. Cette eau-de-vie fine de poire est excellente. » Elle reboucha la bouteille avant de continuer. « Tu sais, à l’exception de Tina et Phil, tu ne rencontreras pas beaucoup de personnes qui ont vraiment confiance en moi… » elle fit une pause, regardant la demi-elfe qui attendait impatiemment. Un sourire apparu sur le visage de la drow. « De toute façon, j’apprécie ta sincérité et ton esprit ouvert, Arwen. Il est si rare que quelqu’un me fasse confiance. Je ferai de mon mieux pour ne pas trahir ta confiance. »

« Merci K’arla! Pendant qu’on est aux confidences … Je peux te demander ce que tu faisais avant de travailler pour Tina … »

« Tu fais allusion au garde que j’ai un peu torturé, je suppose. » Arwen hocha la tête. K’arla attendit un peu, cherchant les mots de manière à ne pas heurter la jeune demi-elfe. « Disons que j’étais prête à tout pour obtenir de l’argent et vivre dans le luxe. J’étais un assassin et je louais mes lames au plus offrant. Tina est le premier contrat que je n’ai pas mené à son terme. »

« Tu devais la tuer ? »

« Oui. J’avais tellement confiance en moi, elle paraissait si fragile que j’ai voulu lui parler avant de la tuer. »

« Et alors ? »

« Et alors, on a discuté et je me suis senti honteuse, j’ai baissé les yeux, rengainé mes lames et je suis partie. »

« Elle t’avais jeté un sort ? »

« Un sort ! » K’arla éclata de rire« Non, comme tous les drows je suis résistante aux sorts » Elle fit une pause puis reprit « Mais d’une certaine manière oui elle m’a jeté un sort. Je la trouvais belle, intelligente et sensible. Je n’avais jamais rencontré tout cela dans la même personne. Elle savait que j’étais là pour la tuer, elle était terrorisée et tremblait de tous ces membres, mais ses yeux luisaient d’espoir. Je ne pouvais pas tuer une telle personne, il fallait que je comprenne comment une fille aussi faible en apparence pouvait être aussi forte. Ensuite ça c’est mal passé avec mon employeur et j’ai dû partir précipitamment. Je suis revenue vers Tina en lui demandant de me cacher et elle m’a accepté dans son équipe sans rien me demander. C’est la première personne qui m’a accepté comme je suis. Elle ne me demande pas de changer … Tu comprends ?»

Au ton de sa nouvelle amie, Arwen sentit qu’elle avait touché une corde sensible. Elle pensa au passé de Tina, et se dit que le masque de la drow devait cacher plus qu’un visage brûlé à l’acide. « Oui je comprends K’arla … Je suppose que … que votre passé à toutes les deux à du vous rapprocher ? »

La drow soupira. « Peut être. Quoiqu’il en soit j’ai accepté de mettre mes talents à son service. La paie n’est pas formidable par rapport à mes gains antérieurs, mais je me sens mieux maintenant …. J’ai trouvé une … une amie moins exigeante que Lloth ou ses matrones. »

« Pourtant tu es une Shariste ? »

« Ha ha Arwen ! » La drow riait de bon cœur « Je suppose que tu m’as vu jouer avec les ombres … tu crois que Tina accepterait une Shariste à ses côté ? Tu sais Arwen on peut maitriser les ombres sans adorer Shar … Je t’apprendrai si tu le souhaites, je pense que tu en a les capacités. »

Arwen chuchota « Je ne sais pas il faut que j’y réfléchisse. »

« Rien ne presse Arwen. Maintenant tu devrais dormir une mission nous attends ce soir. »

« Une autre mission dans cette ville puante. Ca consiste en quoi ? »

La drow ne répondit pas, elle s’était tourné vers le mur et avait commencé sa rêverie. « Bon, repose-toi bien khal’abbil … »

*****

Au même moment dans la chambre d’Aribeth …

Rose avait veillé Aribeth toute la nuit. Voyant que celle-ci était réveillée, elle se leva. « Je vais te laisser un peu et aller me reposer. Les gardes restent à la porte. Appelles les  si tu as besoin. »

Aribeth sourit « Pas de problème, et merci de ton aide. »

En se levant, Rose bailla et trébucha. Elle était vraiment fatiguée elle se rattrapa au lit supérieur. Ce faisant elle fit tomber le sac qu’Arwen y avait laissé. En tombant celui-ci s’ouvrit. « Quelle maladroite je suis. »

« Attends je vais t’aider à ramasser. » Aribeth accompagna la parole du geste et commença à récupérer les affaires d’Arwen … soudain son regard s’arrêta sur une écriture connue, celle de Fentick. Que faisait une lettre de Fentick dans le sac d’Arwen ? Prestement elle fit disparaître la lettre et continua son travail.

Peu de temps après, seule dans la chambre, elle ressortit la lettre. Elle commença à lire ‘Oh  non, ce n’est pas vrai !’  Son regard se brouillait, mais elle continua jusqu’au bout. Chaque nouvelle phrase ajoutait à son horreur, à son désarroi, à sa colère …

A des kilomètres de là, une créature à l’allure saurienne pestait contre son récent échec. Soudain une alarme résonna dans son cerveau puissant et machiavélique : le lien rompu avec Aribeth venait de se renouer. Elle sentait la colère dans le cerveau de l’elfe et cela lui permettait de la retrouver. En suivant le fil des idées de l’elfe elle localisa également la jeune créature qui lui causait tant de tracas. Un sorte de sourire naquit sur ses machoires ‘Aribeth, je te retrouve … ton amie est là également … ssstupides sssand sssaud, je vaisss m’amussser un peu avec vosss sssentiments !’

Elle décida d’abord de se concentrer sur la paladine. Jouant sur ses peurs et ses souvenirs, elle lui envoya des émotions. Des émotions ou Fentick demandait  le pardon pour l’avoir trompée avec Arwen ….

Chapitre 7 – LE REPAIRE D’INTHER

Chapitre 7 – LE REPAIRE D’INTHER

La caverne débouchait sur une autre, plus grande et remplie de cellules fermées par de lourdes portes en bois. Arwen, se dirigea vers la première et regarda par la lucarne située sur la porte. La pièce était remplie d’hommes et de femmes en haillons. Arwen chercha du regard un endroit ou pourrait se trouver les clés.

« Qu’est ce que tu cherches petite elfe ? »

Étonnée et un peu agacé Arwen répondit. « Je vais les libérer. »

« Non ! Il ne faut pas! Suis-moi! »

La surprise d’Arwen se transforma en colère. Elle s’écria. « Quoi! J’aurai du m’en douter! Vous êtes comme Inther, comme Maugrim! Vous êtes des esclavagistes ! »

K’arla s’approcha d’elle, son index barrant sa bouche pour l’inviter à rester calme. « Chut! … Tu vas alerter les gardes! »

« Je me fiche des gardes. Tu essaie de me tromper. Je libérerai ces gens. Et je te défie de m’en empêcher. » Arwen termina sa phrase en sortant ses sabres de leurs fourreaux.

La drow se croisa les bras en signe de paix. « Calme-toi, petite elfe. Si tu les libère maintenant ils seront repris ou abattus dans les rues de Luskan et tu attireras l’attention d’Inther et de Maugrim sur nous. C’est trop tôt, nous ne sommes pas encore prêts. »

Son assurance et son calme firent tomber la colère d’Arwen qui abaissa ses armes. « Mais… » des larmes coulaient des yeux verts d’Arwen.

« Je sais ce que tu ressens Arwen, » répondit la drow, les mâchoires serrées, « crois-moi, je n’essaie pas de te duper, et si tout fonctionne bien on viendra les libérer bientôt. »

Elle avait à peine terminée sa phrase que la porte s’ouvrait violemment. Quatre bandits entraient dans la salle, armes au poing.

K’arla fût prompte à réagir. De sa main gauche elle para avec un sabre l’attaque du premier assaillant, en même temps qu’elle lui envoyait son pied dans le bas ventre. Déséquilibré, et emporté par son élan, le garde alla s’éclater la tête contre le mur.

Arwen avait rapidement retrouvé ses esprits. Par une série de feintes et de parades elle trouva rapidement l’ouverture dans la défense du garde le plus proche d’elle.

Il ne restait plus que deux gardes. A un contre un, ils n’avaient aucune chance, et le combat fût rapidement terminé. Les deux femmes se dirigèrent vers la porte d’où avaient débouché les gardes.

*****

Pendant que Arwen, et K’arla se frayait un chemin à la recherche d’une potion, Aribeth livrait un autre combat contre une créature maléfique. Les effets des sorts lancés par Tina et par Rose commençaient à se dissiper. Aribeth encore partiellement endormie s’agitait de plus en plus. Des paroles haineuses sortaient de sa bouche.

« Les effets du sort de protection commencent à se dissiper. » Constata Rose.

« Oui, je me demande quelle sorte de créature peut posséder une telle énergie mentale pour vaincre nos sorts si rapidement ? » S’inquiéta Tina, avant d’ajouter, « Rose, fait lui avaler la potion qu’on a préparé ! »

« Je ne peux pas, Capitaine, elle se débat trop ! »

Tina, fit signe au barbare qui se tenait derrière elle.« Phil immobilise là ! » Aux ordres de son capitaine, le barbare s’approcha, il plaqua un coude sous la gorge d’Aribeth pendant qu’avec une main il lui tenait les deux mains.

Même si elle savait que c’était pour une bonne cause la vue de son amie se débattant sous la poigne de fer du barbare réveilla de mauvais souvenirs chez Tina « Doucement, Phil, ne lui fait pas mal. »

Le barbare plaida. « J’essaie Capitaine, mais elle est forte et je dois employer toute mon énergie. »

Lorsqu’Aribeth fut immobilisée, Rose lui fit avaler la potion et Tina lança le plus puissant sort anti-charme qu’elle avait en mémoire. L’effet fut pratiquement immédiat et l’elfe se détendit. Peu de temps après elle ouvrit les yeux. « Qu’est ce qui se passe ? Ou suis-je ? »

Tina fit signe à Phil et Rose de les laisser. « Calme toi Ari, c’est moi Tina ! On vient de te faire boire une potion calmante et protectrice, tu as subi une autre attaque mentale. »

Même si Tina avait réussi à desserrer l’étau qui broyait l’esprit d’Aribeth, le venin distillé par Morag était toujours présent. Comme à chaque fois qu’elle se réveillait après un de ses soi-disant cauchemars, l’âme d’Aribeth se révoltait contre les horreurs qu’elle venait d’affronter. D’habitude l’elfe se réveillait seule et pleurait de désespoir. Mais cette nuit, comme la veille, elle n’était pas seule. Une autre amie était à son chevet. Elle saisit le bras de Tina. « Tina, tue moi … s’il te plait, au nom de notre amitié, tue moi. Tue moi avant que le monstre qui est en moi ne prenne complètement le contrôle de mon esprit, avant que les horreurs que je voie en rêve ne deviennent réelles. »

Tina s’assit sur le bord du lit et répondit d’une voix pleine de compassion. « Ari, il n’y a pas de monstre en toi. Il y a juste une créature maléfique qui joue avec tes peurs et tes doutes. Cela marche d’autant mieux que tes défenses mentales sont complètement détruites. » Elle fit une pause, effleurant de ses doigts fins le bras de son amie pour la rassurer, et pour se rassurer elle-même, puis reprit. « Ari, pourquoi as-tu bu autant de cette potion ? N’as-tu pas constatée les effets sur ton esprit … et même sur ton corps ? »

Penaude Aribeth bafouilla. « Si, j’ai douté … mais c’est Fentick qui m’as donné cette potion, quelques jours avant sa disparition. Je commençais à avoir mal à la tête et à avoir des cauchemars … je ne pouvais pas imaginer qu’il ferait une erreur, c’était un expert en potion … alors j’ai pensé que c’était juste mon esprit qui était dérangé … que les évènements tragiques réveillaient de douloureux souvenirs … et en plus, dès que j’arrêtai de prendre la potion, le mal de tête devenait plus fort … j’aurai du en parler …mais à qui … Fentick était mort et la seule personne qui aurait pu m’écouter, Arwen, était constamment en mission pour nous … quand elle revenait, je voulais qu’elle se repose et ne souhaitais pas l’ennuyer avec mes problèmes. »

« Je vois ! » Tina était bouleversée. La confession d’Aribeth lui permettait de comprendre que Fentick avait probablement été corrompu par Morag en premier. Cela avait du être facile, il était si faible. Elle n’avait jamais aimé Fentick et pensait qu’il n’était pas fait pour son amie. Elle le trouvait lâche et trop malléable. De plus elle n’aimait pas ses relations, Ophala et Celdur notamment. Elle l’avait dit plusieurs fois à Aribeth, mais celle-ci, d’habitude si sage et clairvoyante, semblait aveuglée quand elle parlait de Fentick. Même maintenant, face à l’évidence elle essayait de croire à une erreur de sa part …

Aribeth devinait les pensées de Tina. Elle avait eu plusieurs fois le même affreux doute, mais, craignant la vérité, avait soigneusement esquivé les indices …par exemple le rôle réel joué par Fentick, son amitié trouble pour Desther, son flirt avec Ophala … Ne s’estimant pas prête pour une telle introspection elle préféra changer de sujet de conversation. « Mais si tu m’expliquais plutôt par quel hasard tu m’as retrouvée dans Luskan. »

Tina avait parfaitement compris la signification de cette dérobade. Par amitié, elle fit semblant de ne pas remarquer. « Oh, c’est une longue histoire !  Tu permets que je m’installe mieux pour te raconter. »

Aribeth sourit et se poussa contre le mur en tapotant la place à côté d’elle.

Voyant ce signe d’acquiescement de son amie, Tina s’installa plus confortablement sur le lit et reprit. « En fait je dois t’avouer quelque chose dont je n’ai jamais eu l’occasion de te parler. Je travaille pour Alustriel, la Haute Dame de Lunargent. Elle a perçu, il y quelques mois, le réveil de la créature que tu appelles Morag. Malheureusement, on est parti sur une fausse piste dans le Nord. Comme je possédai un bateau rapide, elle m’a confié la mission d’enquêter autour de ruines d’une ancienne race découvertes près de l’épine dorsale du monde … Après deux semaines de recherches infructueuses je suis venu à Luskan pour ravitailler mon bateau avant de repartir dans le Nord. Ici on a rapidement découvert qu’une guerre était en cours au sein des mages de la tour des arcanes, la montée en puissance d’un fou nommé Maugrim et des indices qu’une personnalité de Pasdhiver allait être la cible d’attaques pour des raisons inconnues. J’ai alors utilisé mes dons et sorts pour tenter d’en savoir plus et j’ai perçu que tu étais la cible. »

« Tu as pris beaucoup de risque, Tina. Tu ne doutes pas de la puissance de cette créature ! »

« Je m’en suis rendu compte, mais il fallait le faire, je ne pouvais pas te laisser à la merci de cette créature. J’ai alors envoyé K’arla à Pasdhiver pour te protéger et enquêter. Malheureusement son statut de drow l’a empêchée de te rencontrer. Mais tu sais elle a éliminé beaucoup des hommes de Maugrim qui essayait de t’approcher. Et puis un jour tu as disparue, alors elle est revenue me prévenir … tu connais la suite. »

« Oui, j’ai refusé de la voir. Mais crois-tu que cela aurait changé quelque chose ? » Ce disant l’elfe baissa la tête. Ce n’était pas la faute de son amie si elle avait refusée de recevoir la mystérieuse drow à deux reprises. Elle soupira de nouveau, puis redressa la tête. Son amie la regardait sans rien dire. « Ce n’est pas de ta faute Tina, tu as fait ce que tu pouvais … mais maintenant si j’ai bien compris, mon esprit est sous l’influence de cette Morag ! Si elle est aussi puissante, c’est sans espoir. Tu as déjà trop risqué pour moi, il faut mieux que tu me tue. »

« NON ! » Une des gardes passa la tête dans l’entrebaillement de la porte pour s’assurer que tout allait bien. Tina la congédia d’un geste de la main « Ari, je ne veux pas que tu dises cela. Jamais je ne te ferai du mal. Jamais, tu m’entends. Je me moque des risques, tu es mon amie et c’est tout ce qui compte … Et puis les sorts que j’ai utilisé sont puissants et vont restaurer lentement ton bouclier mental. Malgré tout, il faudra rester vigilante car la créature a réussi à créer un lien entre elle et toi, et ce lien peut se réactiver à la faveur d’une violente émotion. Il faut donc que tu restes au calme. L’antidote, lui, est nécessaire pour ta santé physique … mais ce n’est qu’une question d’heures, j’ai confiance dans les capacités de K’arla et d’Arwen … A propos d’Arwen, je me demande pourquoi Morag ne s’en est pas prise à elle. Je sais qu’elle a déjà essayé de corrompre des membres de mon équipage, alors pourquoi pas cette courageuse jeune femme qui contrarie ses plans depuis un moment ? »

Ce fut au tour d’Aribeth de rassurer son amie. « Elle a certainement essayée, mais Arwen est protégée par sa candeur et surtout par son amulette. Il faudrait que Morag soit plus puissante que Eilistraee elle-même pour l’atteindre. »

« C’est une bonne chose ! » Ponctua Tina. « Maintenant essaie de te reposer Ari, je vais lancer un sort de sommeil pour t’y aider, et je reste ici pour veiller sur toi. Et Rose n’est pas loin. »

Aribeth ferma les yeux, qu’elle rouvrit aussitôt. « Tina, si tu ne veux pas me tuer, au moins laisse moi … Tu dois combattre cette créature. M’aider risquerait de faire échouer ta mission. »

« Ari, tu es toujours aussi têtue ! » Tina sourit, puis prit la main d’Aribeth dans les siennes « c’est mon amitié pour toi qui me demande de t’aider… le jour ou tu m’as libérée de l’esclavage et de mon tourmenteur, tu es devenue mon amie pour la vie. »  Elle ponctua sa phrase en portant la main d’Aribeth à ses lèvres. « Mon amie et mon modèle … Alors tu sais, rien ne m’arrêtera. J’ai peur de cette Morag, mais cela n’affaiblit pas ma détermination … Maintenant, s’il te plait Ari, fais moi plaisir et repose toi ! »

Peu de temps après Aribeth se rendormait … Tina resta à ses côtés et son esprit se concentra sur les deux femmes qu’elle avait envoyé à la recherche du précieux antidote, espérant qu’elles reviendraient saine et sauve rapidement. L’adversaire s’annonçait encore plus coriace et vicieux que prévu dans ses pires cauchemars.

*****

La pièce ou se trouvait K’arla et Arwen donnait sur un couloir faiblement éclairé et apparement vide. Au moment d’entrer dans le couloir, K’arla eut la sensation d’un contact mental. ‘Tina ?’. Le contact se fit un peu plus précis et elle perçut de l’angoisse et de l’espoir. Elle essaya d’avoir une pensée rassurante, sans être sure que celle-ci serait perçue. ‘Ne t’inquiète pas Tina, on approche du but’.

Arwen avait noté le moment d’hésitation de la drow. Elle mit cela sur le compte de l’agacement du à sa propre attitude. « Excuse moi K’arla, j’ai ruiné notre mission, l’alarme doit avoir été donnée.»

K’arla secoua la tête et répondit fataliste. « Ce qui est fait et fait. On a peut être le temps de trouver si on explore rapidement ce couloir. »

Sur leur gauche se trouvait une petite pièce carré vide et seulement meublée d’une paillasse. Probablement une salle de garde, pensa Arwen.

Un peu plus loin le couloir se divisait en trois. Sur la gauche, un court couloir rectiligne donnait sur une pièce ouverte. En face le couloir se terminait après environ une dizaine de mètres de longueur par un escalier montant. Et enfin, sur la droite, le couloir était plus irrégulier et finissait par un virage qui en masquait la fin.

K’arla indiqua la pièce située à gauche. « Les gardes venaient apparement de là. Vérifie que cette pièce est libre, puis surveille l’escalier d’en face qui doit déboucher à l’étage supérieur. Je vais voir à droite. »  K’arla se faufila dans le couloir et disparut rapidement derrière le tournant.

Arwen se dirigea vers la salle de garde. Celle-ci était vide. Des verres de café, encore chaud, posés sur la table indiquaient que la pièce avait été occupé quelques instants plus tôt. Une porte verrouillée de l’intérieur débouchait en contrebas des docks. ‘Cela doit être une entrée discrète, et la pièce devait être occupée par les gardes.’ Pensa Arwen en revenant sur ses pas.

Des bruits de pas et des éclats de voix résonnaient dans les escaliers. Arwen rangea ses sabres et prit son arc. Elle venait d’arriver à l’intersection et eut juste le temps de se cacher au coin du couloir d’où elle venait.

Des hommes descendaient l’escalier.

« Slash … slash » deux flèches partirent. Un homme s’écroula, mort. Les autres refluèrent précipitemment dans l’escalier. « Attention ! Un archer. »

Peu de temps après deux hommes cachés derrière d’énorme bouclier tour descendirent prudemment l’escalier. Arwen comprit qu’elle allait devoir combattre au corps à corps. Elle sortit ses sabres. Arrivé à son contact les deux hommes lachèrent leurs boucliers et attaquèrent. L’un d’eux, un immense demi-orc armé d’une hache, dépassait Arwen de plus d’une tête. Derrière eux arrivaient deux autres hommes : un magicien et Inther …

Ce dernier la menaça, « Comme on se retrouve donzelle … mais ou est ton amie K’arla ? Elle t’as abandonnée ici ? » Sans attendre la réponse il harangua ses hommes. « Tuez là! 100 pièces d’or pour celui qui la tue.»

Ceux-ci n’avaient pas attendu l’ordre et cognaient de toutes leurs forces. Arwen paraît leurs coups puissants mais imprécis tout en reculant doucement. Elle s’inquiétait du magicien. Il était impossible à atteindre et cela donnait un avantage sérieux à ses adversaires. Elle pensa à se sauver par la porte qu’elle avait repérée, mais réussi à ne pas céder à la panique, ‘je dois tenir. J’espère que K’arla va entendre le bruit et déboucher dans leurs dos. C’est ma seule chance. ‘

Le premier sort lancé par le magicien n’eut aucun effet. Inther furieux morigéna son magicien « Imbécile, tu sais qu’elle est immunisée contre les sorts de charme ! » Puis s’adressant à Arwen « C’est dommage, j’aurai bien aimé m’amuser un peu avant de te tuer ! »

La chance d’Arwen était que le couloir étroit gênait les deux premiers assaillants, qui ne pouvaient pas l’attaquer de front en même temps, ni coordonner leurs coups.

Inther continuait de la narguer « Une contre quatre, tu n’as aucune chance Arwen, pathétique héro de Neverwinter !  Je jetterai ta dépouille aux charognards.»

Elle ignora le sarcasme, mais vit avec inquiétude que le magicien allait lancer un deuxième sort. Il commença une série de mouvements des bras, avant d’ouvrir la bouche et d’écarquiller les yeux. Il s’écroula mort, une dague plantée dans le dos au niveau du cœur. Une voix familière répondit à Inther « Erreur, serpent au foie jaune, deux contre trois. » Au même moment K’arla semblait sortir de nulle part, juste à côté de Inther. Le combat venait de changer d’âme …

« Deux contre deux ! » S’exclama fièrement Arwen qui avait profité de la confusion pour porter une botte mortelle à un de ses deux attaquants. Il ne restait que cet immense demi-orc … pas une mince affaire.

Avec plus d’espace, celui-ci redoubla l’intensité de ses coups. Arwen parait en reculant et esquivant. Son adversaire fatiguait. Elle avait réussi à l’amener à désaxer de plus en plus ses coups. Elle vit soudain l’ouverture. Son premier sabre s’enfonça à la jointure de la cuirasse du géant, au niveau de l’épaule. Surpris, le demi-orc abaissa sa garde, ce dont profita Arwen pour lui transpercer la gorge avec son deuxième sabre. L’homme s’écroula.

Arwen retira ses armes du corps et examina la situation. Inther se révélait un adversaire coriace pour K’arla. « J’arrive K’arla ! »

« Laisse-le-moi Arwen ! Je veux lui faire payer personnellement ses sarcasmes et tout le mal qu’il a fait. »

K’arla pressait dans une série d’attaques hautes. Inther essayait de parer et retourner les coups, mais les assauts répétés de la drow le forçait à rester sur la défensive. En même temps elle l’obligeait à parer un peu plus haut à chaque fois.

Une parade un peu plus lente de Inther permit à K’arla de passer sous sa garde. Immédiatement elle exploita l’occasion et lui plongea un sabre dans le coeur. Incrédule, Inther lâcha ses armes et prit le sabre à deux mains. Puis il tomba à genou, et finalement s’écroula face contre terre. « Une ordure de moins sur Faerun » fût l’épitaphe funèbre que lui dédia K’arla.

Arwen soulagé s’approcha, « ça va K’arla? As tu trouvé l’antidote? »

K’arla lui tendit un flacon tout en s’agenouillant à côté du corps de l’esclavagiste. « Tiens, prends ça! Je l’ai trouvé dans la réserve. »

« Tu es certaine que c’est l’antidote? »

K’arla répondit d’un ton neutre. « C’est ce que m’a dit le garde quand je l’ai charcuté avec ma dague. »

Arwen eut un haut le coeur et réprimanda la drow. « Tu l’as torturé pour savoir ! »

La drow haussa les épaules « Tina a dit que j’avais carte blanche. » Puis elle se mit à fouiller le mort. Dans sa poche droite elle trouva un billet chiffonné, qu’elle déplia:

Cher Inther,

Une jeune elfe blonde aux yeux verts est récemment entrée dans Luskan. Elle est habituellement habillée d’une chemise marron et d’une robe rouge fendue et portée par-dessus une armure de cuir.

J’offre 5 000 pièces d’or à la personne qui me ramènera sa tête.

Signé M.”

K’arla siffla « 5 000 pièces d’or! » » en tendant le billet à Arwen, « Il semble que Maugrim ai mis ta tête à prix. Je dirai même un bon prix. »

Arwen eut un doute « K’arla tu ne va pas … »

K’arla protesta, « Arwen, pour qui tu me prends! »

Arwen s’excusa, en se disant qu’elle devenait un peu trop paranoïaque. « Excuse-moi K’arla … »

Sans répondre, la drow sortit la dague qu’elle avait récupérée plus tôt sur le corps d’un homme de Kurth et la planta dans la poitrine de Inther, puis elle posa à côté la cape également prise sur un soldat de Kurth.

« Mais que fais-tu ? On devrait partir. »

La drow se releva et eut un rictus, « Ca va leur faire croire que c’est Kurth qui a attaqué ici! » Devant le regard stupéfait de sa jeune compagne elle ajouta, « tu vois Arwen, la différence entre une drow morte et une drow agée, c’est beaucoup de métier, et un zeste d’intuition. Par exemple l’intuition qui m’a fait ramasser ces affaires sur les cadavres il y a quelques heures, sans savoir pourquoi je faisais cela. »

Arwen acquiesça. « Tu es presque aussi maligne que Ari. Allez viens, il y a une sortie là derrière! »

« Je vais prendre cela comme un compliment. On y va! »

*****

Avec le précieux antidote dans leurs mains, elles sortirent par la porte qui donnait au pied des docks.

Le jour commençait à poindre. Arwen constata avec dépit que la nuit avait du être dure pour les pauvres habitants; les lueurs des foyers d’incendies rivalisaient avec le pâle soleil qui pointait tout juste au-dessus de l’horizon. Elle quittèrent les parages du repaire des bandits et furent rapidement dans le quartier sous le contrôle de Tina.

Arwen retint K’arla par le bras, «attends, je dois te parler!»

« Que veux-tu petite elfe? »

Les lèvres serrées Arwen répliqua « Je… j’ai presque gâché notre mission parce que je n’avais pas confiance en toi. »

« Ne t’en fait pas, je suis habituée à voir les gens réagir comme cela. Même si je n’adore pas Lloth, je suis toujours une drow. »

K’arla avait prononcé ces mots d’un ton détaché, mais Arwen crut percevoir une pointe d’amertume dans la réponse de la drow. « Je suis désolée K’arla. Tu n’es pas en cause, je me méfie de tout en ce moment. » Après une courte hésitation elle ajouta, « et je ne te juge pas d’après ta race. »

K’arla secoua la tête en signe de dénégation. « Tu n’as pas à te justifier. Je sais que les gens ne me font pas confiance. C’est comme cela ! » Elle haussa les épaules et repris sa marche.

Arwen la rattrapa par l’épaule, « K’arla j’ai des amies drows, si tu veux bien excuser mes soupçons injustifiés, je serai heureuse de te compter parmi ceux là. »

« Et que va dire ton amie Aribeth de cela ? Elle déteste les drows. Si cela n’était pas le cas, on en serait pas là. » Répondit K’arla, qui avait en mémoire le refus de la paladine de la recevoir à Pasdhiver.

Bien que ne comprenant pas la raison de cette dernière phrase Arwen répondit. « Il faut l’excuser, elle n’est pas dans son état normal. Quand elle sera guérie et libérée du joug de la créature qui la tourmente, tu verras, c’est une fille bien. »

Le visage de K’arla s’éclaira un peu « Tu m’as l’air sincère. Alors j’accepte tes excuses, et je te prie d’accepter les miennes. J’aurai du mieux te juger plus tôt et t’expliquer que nous rencontrerions probablement des esclaves et qu’il ne serait pas possible de les libérer. »

Arwen eut un sourire triste. « Je comprends … merci, K’arla. »

K’arla rit, « Bien petite elfe. Maintenant tu ne crois pas que nous avons un antidote à livrer, et que nous avons besoin d’un peu de repos … et puis j’ai soif. Je t’offre un thé au bar du bateau. »

« Non K’arla, c’est moi qui paie … je t’offre un alcool de poire. »

CHAPITRE 5 – CRISE

CHAPITRE 5 – CRISE

NOTE : J’utilise 2 aptitudes des elfes trouvées dans les informations relatives à cette race. Les elfes possèdent naturellement une sorte de bouclier mental qui les protège des sorts de domination ou similaires, et les elfes sont capables de communiquer entre eux par un procédé appelé communion. Normalement il faut que les deux elfes soient consentants et ne soient pas en état de stress, j’ai un peu adapté cela pour les besoins de l’histoire.

EDIT : Modifié légèrement suite à une ecxcellente suggestion d’une lectrice 🙂

Tina leur avait attribué une cabine à côté de la sienne, et les avait laissé se reposer en attendant le diner.

Ce n’était pas une grande cabine, mais elle était délicatement décorée. Le mobilier comprenait deux lits superposés, une petite table et une chaise. Un écran fait de bois fin et de soie rouge offrait assez d’intimité pour se baigner dans un petit baquet en bois. Un vase rempli de roses rouges posées sur la table indiquait que leur présence était attendue, ou tout du moins espérée.

Après avoir posé ses affaires Arwen s’assit sur son lit et examina une entaille a son avant bras, souvenir de la bataille de la matinée.

« Veux-tu que je t’aide ? » Aribeth s’était assise à côté d’elle, un bandage à la main.

Arwen hocha la tête en tendant son poignet « On va être mieux ici qu’à l’auberge … Mais, tu crois qu’on peut faire confiance à ces gens ? Ce sont des pirates ! »

« Tina n’est pas une pirate. Je dirai plutôt que c’est la couverture qu’elle se donne. Je sais qu’elle aide habituellement les Ménestrels. Tu peux lui faire confiance. »

« C’est une Ménestrelle ? »

« Non, mais elle travaille avec eux. »

« Comment l’as tu connue ? »

« C’est une vieille histoire, mais puisque ça t’intéresse …. ça remonte à l’époque ou j’errai dans le Nord pour combattre les orcs. Tina était prisonnière d’un marchand d’esclave particulièrement vicieux qui la battait et la torturait … Je l’ai libérée. Ensuite Tina, qui n’avait aucune famille m’a accompagnée pendant quelques mois. On a survécu ensemble à de nombreuses épreuves, mais Tina n’était pas faite pour courir dans la neige, et je l’ai laissé au bon soin d’une petite communauté de Sélunites. Je passai la voir régulièrement et je constatai avec joie qu’elle avait retrouvé de la sérénité en se convertissant à sa Dame d »argent. Puis elle st parti à Lunargent et moi à Pasdhiver et    nos chemins se sont séparés, on a continué à se voir, mais c’était moins fréquent. »

« Je comprends » répondit Arwen « En tous cas, elle à l’air bien au courant des agissements de Maugrim ! »

Aribeth grogna « Arwen ! »

Arwen haussa les épaules, « Excuse-moi Ari ! » Puis elle passa la main dans les cheveux d’Aribeth « Ari, depuis combien de temps tu ne t’es pas coiffée? »

Aribeth se crispa. « J’ai d’autres soucis en tête que de penser à ma coiffure! » La réponse avait fusée, peu amène.

« Ari … ne te fâche pas comme ça tout le temps, j’essaie seulement de te distraire de tes idées noires … »

A l’intonation de la voix, Aribeth comprit immédiatement qu’elle avait blessé son amie. Elle la regarda et se sentit coupable en voyant sa mine boudeuse. « Excuse-moi Arwen. » Puis passant la main dans ses cheveux emmêlés elle ajouta « C’est vrai qu’ils sont un peu ébouriffés, tu voudrais m’aider à les démêler ? »

Ces mots ramenèrent le sourire sur le visage d’Arwen « Avec joie ! Je me dis que ta chevelure ressemble à ton âme … c’est actuellement un chaos indescriptible. Alors j’ai envie d’y remettre un peu d’ordre.  Et puis, je dois t’avouer que si je n’avais pas réussi à entrer à l’Académie, j’aurai voulu être coiffeuse. »

Aribeth se leva et embrassa son amie sur le front. « Je t’adore, petite soeur. Tu as le don de me faire oublier mes soucis. Laisse-moi le temps de finir ton bandage, et ensuite je te laisse le soin de me coiffer. »

*****

Un peu plus tard, une garde vint les chercher pour le repas. Aribeth éprouvait le besoin de rester seule pour faire le point de la situation « J’ai un peu mal à la tête, je vais prendre une potion. Vas y Arwen, je te rejoins tout de suite. »

Resté seule Aribeth s’approcha du hublot de la cabine, au loin elle voyait la masse imposante de la Tour des Arcanes qui masquait le Temple de Tyr.

Fixant le Temple, elle implora ‘Tyr, je suis au fond de l’abîme… je n’en peux plus! J’ai trop souffert! Tyr aide-moi!’ et comme d’habitude aucune réponse en retour, comme si quelqu’un ou quelque chose avait coupé le lien privilégié qu’elle entretenait autrefois avec son Dieu. Elle attendit encore quelques instants, toujours fixant le Temple de Tyr. Elle sentait la colère monter en elle « Non ! » Elle frappa la cloison d’un poing rageur puis se détourna du hublot. « Non, pas maintenant », au prix d’un effort de concentration dont elle ne se croyait plus capable elle arriva à contenir le flux de haine qui tentait de prendre possession de son esprit. « Non, il faut que je me focalise sur des choses gaies … il faut … Arwen attends moi j’arrive ? Tina viens m’aider ! »

Elle retourna s’asseoir sur le lit et fouilla fébrilement dans son sac pour prendre la potion et en avaler une gorgée. Elle conserva le flacon quelques instants dans la main, l’examinant, puis le plaça sous son oreiller.

Calmée, elle sortit son journal et se mit à écrire quelques lignes … « Voilà, les dés sont jetés, j’espère que Tina et Arwen m’entendront plus que Tyr ! ». Elle rangea le journal sous oreiller et se leva pour rejoindre ses amis.

*****

Pendant ce temps la garde avait conduit Arwen jusqu’à la salle principale.

La longue table en bois qui se trouvait au centre de la pièce avait été recouverte d’une nappe blanche ornementée de motifs fait au crochet. La vaisselle en porcelaine blanche et les verres en cristal, finement ciselés, n’auraient pas dépareillés dans le manoir d’un seigneur ou d’un riche marchand.

Elle était arrivée en avance car personne, à l’exception de K’arla n’était là. ‘Parfait !’ Se dit Arwen, ‘j’ai quelques questions à lui poser.’ Et elle se dirigea résolument vers la drow.

Celle-ci l’accueillit chaleureusement, « Ah ! Arwen, j’espère que vous êtes bien installée toutes les deux. Tu sais Tina vous attendait avec impatience. »

« Oui, la chambre est parfaite. Mais dis-moi … peux-tu m’expliquer pourquoi Phil semble si hostile envers moi ? »

« Ne t’inquiète pas petite elfe, il est un peu grincheux parfois, mais c’est un bon camarade. » Puis elle gloussa avant d’ajouter, « Il faut dire que tu n’y as pas été de main morte tout à l’heure, quand tu l’as giflé. »

Arwen se justifia. « Il l’avait bien cherché … »

« Calme toi … J’aurai agi de même à ta place … Je crois qu’il est jaloux petite elfe … il était responsable de nos opérations militaires, et ressent votre présence comme un affront à sa compétence. Il n’ose pas s’en prendre à Aribeth, alors il se retourne contre toi … mais ne t’inquiète pas, laisse passer l’orage … D’ici peu il aura oublié ses griefs. »

Ces mots firent sursauter Arwen qui demanda d’un ton soupçonneux. « Des opérations militaires, qu’est ce que ça veut dire ? »

Gardant son calme, la drow mis sa main sur le bras d’Arwen. « Soit patiente petite elfe, Tina va vous expliquer cela … Tiens, les autres arrivent. Allez viens, profites du repas, il sera temps de poser tes questions plus tard. »

*****

En plus de Tina, K’arla et Phil, deux autres femmes étaient présentes. L’une, nommée Rose se présenta comme la soigneuse du bord, et l’autre, appelée Armine était la chef des gardes. Après avoir fait les présentations Tina fit asseoir les convives. Elle s’était placée entre Aribeth et K’arla. Arwen se trouvait à côté de K’arla et avait en face d’elle Phil.

Lorsque tous furent installés, Tina leva son verre. « J’aimerai porter un toast à mon amie Aribeth et à Arwen, à nos retrouvailles et je l’espère à notre future collaboration fructueuse. »

Tous l’imitèrent puis une serveuse apporta l’entrée, un plateau de fruits de mer.

Arwen examinait avec embarras les 3 verres et nombreux couverts posés à côté de son assiette. En levant la tête elle vit que Tina la regardait en souriant. « Arwen, utilise les couverts dans l’ordre ou ils sont placés, les plus extérieurs pour le premier plat, et ainsi de suite. »

Lorsque le plat principal fut apporté,   K’arla donna un coup de coude à Arwen et lui indiqua du menton Phil. Arwen dut se retenir pour ne pas pouffer de rire, le barbare grimaçait en regardant le plat, un saumon à la crème et à l’oseille.

K’arla s’adressa innocemment au barbare, « Ca ne va pas Phil ? »

« Il n’y a que ça à manger ! » S’indigna t’il.

« Que ça ! Tu devrais manger du poisson, c’est bon pour la mémoire »

« Pff, le poisson c’est de la nourriture de fille ! »

Tina souriait « Ne t’inquiète pas Phil, je t’ai fait préparer un mets spécial. » Elle leva la main et la serveuse apporta une énorme portion de dinde accompagnée de farce et de marron.

*****

Le repas reprit son cours, mais l’attitude d’Aribeth avait imperceptiblement changé. L’apparente gaité du début du repas semblait avoir disparu et un rictus de douleur avait remplacé son sourire. Elle ne mangeait que du bout des lèvres.

Elle porta la main à sa tête, une douleur intense venait de lui vriller le crâne. ‘Non ça ne va pas recommencer.’

Arwen avait remarqué la grimace de son amie ‘Qu’est ce qui se passe ? On dirait que c’est comme cet après-midi’

Notant le regard inquiet de la jeune demi-elfe, Aribeth se força à lui sourire, malgré la douleur. Elle avait envie de crier ‘Arwen, s’il te plait aide-moi !’ Une voix résonnait de nouveau dans sa tête : ‘Aribeth abandonne ssseees gensss immédiatement … viensss à la tour desss Arcanes !’

Arwen de plus en plus inquiète s’exclama « Ari, ça va ! » Tina qui avait remarqué son regard anxieux demanda « Ari, qu’est ce qui t’arrive ? »

Aribeth n’entendait plus les voix autour d’elle. Elle luttait de toutes ses forces contre la créature qui tentait de prendre le contrôle de son esprit. Elle sentait qu’elle n’allait pas pouvoir résister longtemps. Elle cria « aidez-moi ! »

Arwen se leva d’un bond et vint se placer derrière son amie. En même temps Tina lui disait. « Ari, on est là ! Donne-moi tes mains ! »

La voix dans la tête d’Aribeth poursuivait ‘laissse toi faire … n’écoute pas ssseees gens … ne réssssissste passs, tu esss à moi !’

« Non ! » Dans un sursaut de volonté, Aribeth présenta ses mains paumes ouvertes à Tina, qui les recouvrit de ses propres paumes. Arwen avait entendu parler de ce procédé que les elfes appelaient communion. Elle ne pouvait rien faire d’autre que serrer l’épaule d’Aribeth pour lui indiquer sa présence à ses côtés.

Le contact de Tina eut pour effet de raviver l’énergie d’Aribeth et de l’aider à combattre la créature qui l’attaquait ‘Non je ne te suivrai pas, mes amies sont avec moi.’

Une nouvelle douleur plus forte lui déchira le cerveau ‘Esssclave, viens voir ta maitresssse. Ne me fait pas attendre plusss longtemps. Ssss’est un ordre !’.

Ari, je suis là, ne t’inquiète pas, je vais combattre cette créature pour toi.’ L’esprit de Tina venait d’entrer en contact avec le sien. ‘Arrière créature !’ Tina combattait maintenant Morag de toutes ses forces, et utilisait son propre bouclier mental pour remplacer celui d’Aribeth détruit. Elle avait fermé les yeux et Arwen pouvait se rendre compte de son intense concentration. Quelques instants plus tard elle se relâcha et Aribeth s’arrêta de gémir, tout en s’affalant sur la table, endormie.

*****

Tina, bien que très affaiblie par l’effort qu’elle venait de produire, réagit immédiatement « Phil, emmène là dans son lit … Rose, suit les et fait ton possible pour la protéger. Ses défenses mentales sont complètement détruites … Armine, place deux gardes à l’entrée de sa cabine, avec interdiction à quiconque, excepté les personnes présentes ici, d’entrer dans la chambre. » Puis elle se tourna vers Arwen « Cela lui arrive souvent ? »

« C’est la troisième fois aujourd’hui, avant cela n’arrivait que la nuit, elle disait que c’était des cauchemars ! »

K’arla intervint « Des cauchemars ! Non c’est une attaque mentale, mais je ne comprends pas comment une créature peut atteindre son esprit à distance ! Tu n’as rien remarqué de suspect Arwen ? »

« Non, à part que la Tour des Arcanes semble la rendre nerveuse, et puis … il y a cette potion qu’elle utilise après chaque crise … »

Tina, la coupa, « Une potion, tu sais ou elle est ? Va la chercher ! »

Arwen acquiesça et se précipita vers leur cabine. Phil était déjà reparti, il s’était trompé et avait allongé Aribeth sur la couche d’Arwen. Elle constata avec soulagement qu’Aribeth y était endormie. Rose était assise sur une chaise à ses côtés « Ne t’inquiète pas, la crise est passée et son esprit et maintenant protégé par le sort que je lui ai lancé. »

Arwen chercha sous l’oreiller du lit destiné à son amie. Elle l’avait vu y mettre sa potion. A sa grande surprise, un journal se trouvait à côté de la potion. ‘Son journal ! Elle a du s’en servir quand elle est restée seule ici.’ Saisi d’une intuition elle ouvrit le journal sur la dernière page écrite, les mains tremblantes et un peu honteuse de violer l’intimité de son amie.

« Est-ce que cela va s’arrêter un jour ?

La créature qui me tourmente redouble d’effort.

Elle ne se cache même plus derrière des cauchemars.

Combien de temps vais-je tenir avant de devenir folle ?

Je n’ai plus de cause, plus de Dieu,

Elle m’a déjà brisée, qu’est ce qu’elle veut de plus ?

Je suis lasse, très lasse »

L’écriture devenait saccadée et parsemée de larmes.

«Arwen, Tina, aidez-moi!

Donnez-moi la force que je n’ai plus en moi.

Vous êtes deux petites flammes qui empêchent les ténèbres de m’entourer. 

Ce soir, je vais tout vous dire … si Morag me laisse tranquille. »

Arwen referma le livre, les larmes aux yeux. Ainsi ses soupçons étaient vrais. Pourquoi n’avait-elle pas compris plus tôt ? Etait-ce trop tard ? Rose s’était levée et la regardait sans savoir quoi faire. Arwen eut un sourire forcé. Elle se baissa et embrassa son amie sur le front en disant «Ari, cette Morag ne te brisera pas, je t’en fait le serment.» Puis se tournant vers Rose, «Prends soin d’elle, elle en a besoin.»

Une colère froide montait en elle. Elle serra le journal contre elle, prit la potion et se rua dans le couloir.

*****

«C’est à peine croyable!» Tina referma le journal d’Aribeth et attendit la réaction de K’arla qui examinait la potion.

K’arla hocha la tête. «Une belle cochonnerie!» Puis elle se tourna vers Arwen «C’est une potion qui sert à détruire la volonté. Elle est utilisée principalement par les esclavagistes ou les proxénètes pour forcer leurs victimes à coopérer. Si elle est utilisée à trop forte dose, elle provoque des fièvres et des maux de tête … comme tu peux le voir sur ton amie … c’est la dernière étape avant que le cerveau de la victime ne soit détruit.»

«NON !» Arwen n’avait pas pu éviter un cri d’effroi.

Tina répondit en la prenant par les épaules «Calme-toi! Cela va s’arranger, notre guérisseuse est compétente.»

K’arla la coupa, «Désolé de te contredire Tina, mais je crois que sans antidote on ne pourra rien faire.»

«Où peut-on en trouver ? Tu as une idée K’arla ?»

«Je vais aller voir Inther Blackfeather à l’auberge du Sabre. Il dirige beaucoup d’opérations d’esclavagiste et a certainement un tel produit. Je dois seulement le convaincre de me le donner.»

Arwen était désespérée «K’arla, je viens avec toi !»

Phil qui était resté silencieux intervint. «Ce n’est pas une tâche pour toi petite fille ! Trop dangereux, j’accompagnerai K’arla, j’ai quelques arguments persuasifs.»

Cela en était trop pour Arwen, déjà bien énervée. Elle se planta devant lui, les mains sur les hanches et cria «C’est mon amie ! Tu comprends cela ! Je n’ai pas besoin d’un idiot comme toi, je suis assez grande pour me débrouiller seule !»

Phil recula en marmonnant «J’essaie seulement de t’aider! »

Les autres étaient abasourdis. K’arla rompit le silence et posa sa main sur le bras de Phil «Mon pauvre Phil, Je ne pense pas que tu utilises la meilleure manière pour aider Arwen. » Elle se tourna face à sa capitaine «Tina ça ne te gêne pas si elle vient avec moi ?»

«Non, mais soyez prudente, je ne voudrai pas qu’on soit repéré. C’est trop tôt!» Elle eut un temps de repos avant d’ajouter «Ceci dit, je veux cette potion, quelqu’en soit le prix … Tu as carte blanche K’arla. »

K’arla fixa Arwen, «Bien, rendez-vous dans un quart d’heure sur le pont supérieur. Il te faudra une cape sombre. C’est plus discret pour se déplacer dans Luskan la nuit. Si tu n’en as pas je peux t’en prêter une.»

*****

Pendant ce temps, au sommet de la tour des Arcanes, Maugrim était assis à son bureau…

Il balaya les rapports étalés devant lui, «Rien … rien … arrgg, et où est cette commandante elfe promise par Morag? »

Il appela son apprenti. «Pim! »

Un jeune homme apparu à la porte d’entrée, tremblant, «oui, maître Maugrim ? »

Maugrim lui jeta un livre à la tête, que le jeune homme esquiva en se penchant, «as-tu des nouvelles de l’elfe? »

«Rien … rien maître. »

«Fais la rechercher idiot! Il ne doit pas être si difficile de trouver une elfe dans Luskan. Elle était à l’auberge du Sabre, pourquoi nos hommes ne l’ont pas suivie? »

«Ils ont essayé… » un autre livre vint s’écraser sur le mur près de lui «mais l’elfe et son amie ont été aidés par une femme encap … » Sans finir sa phrase, il recula précipitamment hors de la pièce afin d’éviter l’éclair que Maugrim, en colère, avait envoyé.

Un peu plus tard une forme apparu au milieu de la salle. Elle se solidifia rapidement , révélant une créature saurienne.

Maugrim se leva et salua de manière obséquieuse, «Salutations, Reine Morag! »

La créature le coupa, «asssez de tes courbettes ssstupides! J’ai perdu le contact mental avec Aribeth! »

Maugrim répondit perfidement. «Je croyais qu’elle était sous votre contrôle, Reine Morag? »

Morag siffla, signe d’une colère difficilement contenue. «Sssilenssse ssstupide sssang chaud. Je la tenais, maisss elle a retrouvé des amisss. Dont la femme qui nousss a causssé tant de sssousssi à Neverwinter! Trouve la et tue-la!»

«Pourquoi n’essayez-vous pas de contrôler l’esprit de cette jeune bâtarde? »

Morag siffla de colère «Ssssss … je ne peux pas! Ssson esssprit est protégé par une puisssante amulette sssacrée. Tu doisss la tuer! »

«Je n’ai pas assez d’hommes ici. Ils sont tous en train de chercher les Mots de Pouvoir dans le Nord. »

«Arrrg ssstupide sssang sssaud. Je t’ai dit TUE-LA! Tu dois bien avoir des alliésss isssi! »

CHAPITRE 4 – UNE ETRANGE RENCONTRE

             CHAPITRE 4 – UNE ETRANGE RENCONTRE

Elles reprirent leur quête d’un refuge pour la nuit. En face du temple de Tyr elles s’arrêtèrent pour examiner un grand entrepôt abandonné, mais la proximité du temple et la possibilité de rencontrer des agents de Pasdhiver rendait Aribeth trop nerveuse.

Un peu plus tard elles franchissaient le pont qui donnait accès à l’île ou était située le bordel.

Indiquant de la main l’établissement, Aribeth dit « Je n’aime pas ce genre d’endroit, mais peut être qu’ils pourront nous louer une chambre. Qu’en penses-tu Arwen? »

L’idée n’enchantait pas Arwen. Mais elle ne voulait pas retourner à l’auberge du Sabre. « Bien allons-y, ce sera toujours mieux que de dormir dehors. »

Elles reprirent leur chemin. Alors qu’elle approchait de l’angle du bâtiment une femme surgit de l’ombre et se posta devant eux. Bien qu’elles aient été toutes les deux en alerte, elles ne l’avaient pas entendu approcher. Immédiatement elles saisirent leurs armes.

« Calmez-vous, je ne vous veux pas de mal. » La femme s’approcha les bras écartés pour bien montrer qu’elle n’avait pas d’armes en main. Elle était habillée en noir de la tête au pied. Ses cheveux argentés et son visage fin à moitié caché par un masque en cuir indiquait clairement son origine.

« Une drow ! » s’exclama Arwen.

« Une drow! » répondit en écho Aribeth, tout en levant son épée.

« Quelle originalité ! » s’eslaffa la nouvelle arrivante

Aribeth se fit menaçante « Que veux-tu? Pourquoi nous suis-tu? »

Sans se départir de son calme la femme répliqua. « Tu es Dame Aribeth je suppose? »

Aribeth fut surprise. Personne ne savait qu’elle était à Luskan et son rendez-vous avec Maugrim n’était pas prévu avant quelques jours. « Je ne suis pas Aribeth, et je t’ai demandé ce que tu voulais drow? »

La drow ignora le ton peu amène et répondit en regardant avec insistance Arwen, « Mon capitaine, Tina, voudrais parler à Dame Aribeth et à son amie, la femme qui a sauvé Pasdhiver de la mort hurlante, mais j’ai du faire une erreur. Excusez-moi! »

« Attends une minute! » Commanda Aribeth à la drow qui faisait semblant de partir.

Celle-ci s’arrêta et répondit avec un sourire sarcastique, « Oui … Tu as vu ces deux femmes peut-être? »

« Ton Capitaine … Tina… »

« Oui, ma Dame … » répondit K’arla d’un ton moqueur.

« C’est une elfe? Une elfe aux cheveux roux? »

« Oui, ma Dame … Tu te rappelles ton nom maintenant? »

« Oui, je suis Aribeth! Et arrêtes de te moquer de moi drow! » Le poing d’Aribeth se crispa sur son épée.

Arwen sentit que la colère de son amie, combinée avec sa haine innée des drows, allait dégénérer. Cette drow semblait être au courant de pas mal de chose, peut-être pourrait-elle l’aider à comprendre ce qui arrivait à son amie. Elle retint le bras de son amie, « Attends Ari, tous les drows ne sont pas mauvais, peut être que c’est le cas de celle-là. »

Surprise, la drow la dévisagea. « Que connais-tu des drows, petite elfe? »

Arwen soutint son regard et répondit calmement, « Peut être plus que tu ne le pense », puis elle ajouta en souriant « Mais si tu nous disais ton nom et d’où tu viens? »

La drow mit la main sur son coeur et s’inclina, « Tu as raison petite elfe … Je suis K’arla. Je travaille pour Tina, Capitaine de l’étoile de la mer du nord. Si ma proposition vous intéresse, suivez-moi, cela vous évitera peut être de passer la nuit dans cet endroit mal fréquenté! » Elle accompagna ses paroles d’un geste indiquant l’établissement ou elles s’apprêtaient à entrer.

Le coeur d’Arwen battait. Son instinct de conservation était en alerte. Cette drow venait du même navire que le barbare qui l’avait aidé la veille. C’était assurément une coïncidence troublante. Et puis cette Capitaine Tina, qui était-elle. Elle se tourna vers Aribeth « Qu’est ce que tu penses de cela? Tu connais cette Tina? »

Aribeth rengaina son épée « Si c’est bien celle à laquelle je pense, c’est une très bonne amie à moi. Une elfe que j’ai rencontrée quand je chassais les orcs dans le Nord. Mais ça m’étonnerait qu’elle s‘acoquine avec des drows. Enfin on a pas trop le choix, c’est ce bateau ou le bordel, si tu es d’accord, je pense qu’on pourrait aller voir ? » Voyant qu’Arwen opinait, Aribeth fit de nouveau face à la drow « On te suit, mais gare si c’est un piège ! »

*****

Les trois femmes se dirigèrent vers le port. En repassant devant l’entrepôt, K’arla stoppa net et leur demanda de se cacher. Un groupe de soldats, portant les couleurs de Kurth passa devant elles sans les remarquer. Lorsqu’ils eurent passé le coin du bâtiment, K’arla leur dit à voix basse « C’est l’heure ou les rats sortent de leur tanière … Je passe en éclaireur devant. Si vous me voyez lever le bras droit, cachez-vous immédiatement. » Ceci dit la drow se fondit pratiquement dans la pénombre et partit en avant.

Un quart d’heure plus tard elles arrivaient sans encombre sur le port en ayant évité deux autres patrouilles. K’arla les attendait. « Cette partie de la ville est sous notre contrôle. » Elle indiqua du menton deux femmes armées qui se cachaient sous un porche. « Restez sur vos gardes, mais en principe on est en sécurité maintenant. » Se retournant, elle leur montra de la main un magnifique bateau amarré aux quais. Il surpassait tous les autres en beauté et en majesté « C’est le bateau le plus rapide que je connaisse. »

« Il est vraiment beau! » S’exclama Arwen.

« Oui, et tu vas voir petite elfe, l’intérieur est encore plus beau! »

Arwen la rappela à l’ordre « Je t’ai dit que je m’appelais Arwen … »

K’arla s’inclina devant elle « Je sais … Il y a suffisamment de personnes qui parlent de ton nom maintenant pour que je ne l’oublie pas … Mais je trouve que petite elfe te va mieux … je ne dis pas cela pour te vexer … »

Arwen soupira « Bon, alors petite elfe si ça te fait plaisir. »

Elles passèrent devant deux gardes qui saluèrent K’arla et s’écartèrent pour les laisser passer. Aribeth chuchota à l’oreille d’Arwen « Il n’y a pratiquement que des femmes sur ce bateau,… Cette Tina doit bien être celle que je connais … Restons quand même sur nos gardes, au cas ou … »

La drow s’arrêta à l’entrée. Arwen aurait juré qu’elle avait entendu leur aparté, mais si c’était vrai, elle n’en laissait rien paraître. Elle tendit la main à Arwen « Veux-tu me confier tes sabres, petite elfe? »

Arwen s’étonna « C’est une manie dans cette ville de me réclamer mes armes! » Elle interrogea Aribeth du regard qui interpella la drow « Pourquoi veux-tu ses armes ? »

« C’est la consigne, les gens que Tina ne connaît pas doivent se présenter sans armes devant elle … Toi elle te connaît, donc tu peux entrer comme cela. »

A regret Arwen remit ses sabres à K’arla, avant de la suivre vers le gaillard d’avant. En franchissant le seuil de la porte elle eut un choc. La pièce était superbe, décorées avec goût par de nombreuses tapisseries qui représentaient des paysages boisés. Arwen reconnut sur deux d’entre elles les abords de Luneargent. Le parquet en chêne, parfaitement jointif était fraîchement ciré.

Au fond de la pièce Arwen identifia le barbare qui l’avait aidé à l’auberge; il attendait, les bras croisés, derrière une elfe à la chevelure rouge délicatement coiffée en chignon.

A ses côtés, Aribeth s’était figée et dévisageait l’elfe avec étonnement. Peu à peu un sourire se forma sur son visage. Et finalement l’inconnue ouvrit les bras et se jeta en courant dans les bras d’Aribeth « Ari! Ari, je suis si heureuse de te revoir! » Elle se recula pour examiner Aribeth et ajouta tristement « Tu ne me parais pas très en forme! … Est-ce trop tard? »

« Trop tard pour quoi? » Répondit la paladine sur la défensive.

Tina jeta un regard à Arwen qui haussa les épaules, habituée aux sautes d’humeur d’Aribeth. Posant sa main sur l’avant-bras d’Aribeth, Tina reprit « Tu sais parfaitement ce que veux dire Ari. Mes espions t’ont suivie depuis que tu as quitté Port Llast, ils ont également pisté Maugrim … «  Aribeth palît encore davantage et serra les dents. Tina prit ses mains dans les siennes, « Ari mon amie, s’il te plait ne craint rien de moi …  Je suis ici pour t’empêcher de commettre une grosse bêtise! »

Aribeth posa une main sur celle de Tina et porta l’autre devant ses yeux. Elle paraissait très lasse  « Comment as-tu appris? »

Tina lui sourit et désigna K’arla d’un geste de la main « C’est le meilleur espion de tout Faerun. J’étais dans Luskan quand j’ai appris le destin de Fentick, et j’ai deviné que tu réagirais mal. Je savais que cela réveillerait en toi de très mauvais souvenirs … Alors j’ai demandé à K’arla de garder un oeil sur toi. Elle a réussi à écarter de toi beaucoup d’agents de Maugrim, mais ils étaient têtus! Il semble qu’ils tiennent beaucoup à toi. »

Arwen s’interrogeait sur la conduite à tenir. Certes cette Tina semblait beaucoup apprécier Aribeth, et l’attitude de celle-ci indiquait clairement que le sentiment était partagé, mais elle ne disait pas tout. Comment avait-elle su à propos de Maugrim? Pourquoi était-elle dans Luskan?

Aribeth semblait contrite. Elle n’était plus la fière Aribeth qui commandait l’armée de Pasdhiver. Elle était seulement une femme perdue, à l’âme torturée et au corps blessé. Elle voulut ébaucher une réponse, « Tina, je dois … »

« Chhhut Ari, je vais te guérir … parce que tu as besoin de soins. Viens avec moi je peux t’offrir un bon repas et un endroit sûr pour te reposer, nous discuterons plus tard. » Elle prit le bras d’Aribeth et l’entraîna gentiment vers un canapé en cuir marron ou elle la fit asseoir. Aribeth avait l’air absent et se laissait faire. Puis Tina revint vers Arwen et K’arla, « K’arla tu peux rendre ses armes à mademoiselle … »

« Arwen, je suis Arwen Moondream. »

Tina posa sa main gauche sur son coeur et sa droite sur l’épaule d’Arwen « Contente de te rencontrer Arwen … J’ai entendu parler de tes exploits! Je suis moi-même le capitaine de ce bateau. Mes amis m’appellent Tina. »

Flattée que Tina l’ai saluée selon la tradition elfique, Arwen s’inclina « Alors je t’appellerai Tina, si ça ne te dérange pas, tu es une amie de mon amie Aribeth. »

Phil qui s’était tenu à l’écart s’approcha « Capitaine, ça doit être une erreur. Elle ne peut pas être celle qui a sauvé Pasdhiver. Ce ne peut pas être celle que tu attendais ».

Le ciel lui tombant sur la tête n’aurai pas fait plus de mal à Arwen. Pourquoi cette remarque? Lui qui semblait si prévenant la veille.

Tina se tourna vers lui, « Pourquoi mon bon Phil? Tu la connais? »

Regardant Arwen à la dérobée et avec un air gêné il répondit « Sûr, c’est seulement une enfant. Je l’ai rencontrée à l’auberge du Sabre. Elle ne peut pas se défendre seule. »

‘Oh quel mufle! Je vais lui montrer ce que je vaux’ Le sang d’Arwen bouillait. Elle se planta devant l’homme, les mains sur les hanches « Je vais te montrer ce que je sais faire espèce de … espèce de barbare! » Elle tendit la main vers K’arla et commanda « Mes armes ! »

Le barbare fut surpris. Il implora son Capitaine « Tina, demande-lui de se calmer avant que je ne lui donne une fess … »

« CLAC! » Sa phrase avait été interrompue par une claque magistrale que venait de lui donner Arwen. La stupeur se lisait sur tous les visages. Aribeth se releva précipitamment et vint se placer à côté d’Arwen, la main sur le pommeau de son épée. Le barbare rouge de honte et de colère hésitait sur l’attitude à adopter.

K’arla éclata de rire en venant retenir le bras de Phil qui s’apprêtait à répliquer. « Phil, je t’avais pourtant prévenu qu’elle était très rapide »  Le barbare se dégagea et partit vers une des fenêtres en grognant.

Tina intervint « Du calme Arwen, Phil va s’excuser, mais nous ne sommes pas là pour nous battre entre nous … Vous êtes mes invitées, je vais vous montrer votre chambre pour que vous puissiez vous reposer avant le repas, il me semble que vous en avez bien besoin. Ce n’est pas très grand, mais j’ai essayé de rendre la pièce accueillante. »

Les PNJ

Pour faire patienter, voilà les protagonistes de l’histoire

Arwen, faites pour moi par un ami du forum de l’époque (il y a sa signature en bas à gauche)

Tina, K’arla et Phil. J’avais fait ça tout au début, quand je voyai Tina comme une combattante, depuis elle a évolué. C’est maintenant une prêtresse de Séluné.

Ici on a Arwen et Aribeth qui arrivent sur le bateau, guidées par K’arla (j’avais été assez loin dans la création du module NWN1 correspondant, mais je n’ai jamais fini … comme d’habitude)

Et bien sur la reine de l’histoire, la belle Aribeth en deux version, d’abord un dessin que j’avais fait (je ne suis pas doué pour le dessin), et ensuite un dessin fait pour moi par Tionne de DeviantArt

Et enfin un dessin que j’avais fait de K’arla. Au début c’était juste une des PNJ du module et de l’histoire. Elle est devenu progressivement un des personnages clé. C’est une drow assez agée (300  ans) cynique, désabusée et alcoolique. C’est un peu la méchante de la troupe, mais mes méchant ne ne le sont jamais vraiment 🙂

K’arla protège Tina, qu’elle respecte énormément. Elle est amie avec Phil qu’elle aime bien chambrer. Ils se réconcilient par un concours de boisson au bar, et ce n’est pas toujours Phil qui gagne. Dans l’histoire elle est au départ intriguée par le fait qu’Arwen soit une adepte d’Eilistraee, elle perçoit également son potentiel et la prend sous son aile.

Phil … c’est moi 😉

Pour compléter voilà comme j’avais décrit les personnages

ARIBETH

Alignement:    Chaotique Neutre #

Classe:            Paladine déchue niveau 15

Caractéristiques

FOR 14* DEX 16 CON 8* INT 10 SAG 14 CHA 19

Race:              Elfe des bois

Age:                140 ans (jeune adulte)

Arme :             Epée longue

 

# Elle ne devient Mauvaise que si elle participe à la cérémonie décrite dans le jeu

* Aribeth est malade

Histoire

Elle est connue dans tout le Nord de Faerun pour sa très grande beauté.

Née dans un petit village du Nord appelé Thundertree. Adolescente elle part à la poursuite d’un groupe d’orc qui avait massacré sa famille. Elles passent les années suivantes à traquer et tuer tous les orcs qu’elle pouvait trouver.

Un jour elle fut prise dans une tempête de neige et sauvée et placée dans un temple d’Illmater par un mystérieux homme  qu’elle pense être Tyr lui-même.

Elle vient ensuite à Neverwinter ou elle devient paladine de Tyr, puis chef des armées de la ville. Elle se fiance avec Fentick, un prêtre de Tyr, mais au moment de l’épidémie de  mort hurlante, Fentick l’avait trompée avec une autre femme. Son explication était qu’Aribeth passait trop de temps à son travail, et pas assez avec lui.

Ses premiers cauchemars (en fait des attaques mentales dirigés par Morag) apparaissent peu avant la mort de Fentick, pendu pour trahison. Ils se renforcent après.

Au début de l’histoire, Aribeth est en colère contre Nasher et le peuple de Neverwinter. Elle est également très affaiblie, par ses cauchemars qui l’empêchent de se reposer correctement et par son désespoir profond. Elle a perdu la foi en son Dieu, Tyr, et par conséquent ses capacités de paladine.Ecoutant les voix qui envahissent sa tête, elle vient de quitter Neverwinter pour Luskan dans le but de se venger.

A propos d’Arwen : Quand Arwen arrive à l’Académie de Neverwinter, Aribeth sympathise rapidement avec elle, et la prends sous sa protection. Sur beaucoup de point Arwen lui rappelle ce qu’elle aurait pu être si son village n’avait pas été dévasté.

Juste avant de quitter Neverwinter, donne l’anneau de son père à Arwen, en lui faisant promettre de le garder en mémoire de ce qu’elle même (Aribeth) a été.

ARWEN

Alignement :   Chaotique Bonne

Classe :           Ranger niveau 12*

Caractéristiques

FOR 8 DEX 20 CON 11 INT 11 SAG 13 CHA 14

Race:              Demi-elfe de lune

Armes :           Deux épée courtes, arc court

Possession:    Un symbole sacrée d’Eilistraee (immunise contre les attaques mentales et une fois par jour peut appeler l’assistance d’Eilistraee)

 Histoire

Née de deux parents demi-elfes. Son père est un marchand et sa mère une ex-ranger qui s’est retirée en se marriant. Elle a un frère Erwan avec lequel elle est très proche.

D’apparence frêle, Arwen possède une volonté peu commune. Elle compense son manque de force par une rapidité exceptionnelle.

Ses parents vivaient dans une petite communauté de demi-elfes près de Silverymoon. Arwen aimait se promener dans la forêt et était très proche de sa mère qui lui apprenait à devenir une ranger.

Quand Arwen eut 12 ans, ses parents déménagèrent vers les bois de Neverwinter en raison du travail de son père. C’est là qu’Arwen rencontra Aribeth pour la première fois, lors d’une journée ou la paladine donnait sa bénédiction.

Pendant cette période, Arwen fit également la connaissnce d’un petit groupe de drows adeptes d’Eilistraee. Ils lui apprirent le combat avec 2 épées, et la convertire au culte de la déesse de la lune et de la danse.

A l’âge de 18 ans Arwen était devenue une jolie jeune femme (elle était plutôt garçon manqué dans son adolescence) et son père voulut la marier à un marchand aisé. Arwen quitta la maison familiale pour éviter ce sort, et se réfugia chez ses amis drows pendant 2 années.

Finalement elle répondit à l’appel lancé par Aribeth et vint à l’Académie de Neverwinter.

.Elle est très proche de son frère Erwan. Celui-ci est retourné à Silverymoon ou il travaille pour Alustriel (c’est un architecte aux concepts audacieux). Il est amoureux d’Aribeth depuis son  enfance et a chargé Arwen de transmettre une lettre à Aribeth.

Arwen est gentille est ouverte d’esprit. Elle est complexée par son manque de force. Elle est profondément vexée lorsque ses capacités de combattante sont mises en doute. (Note : cela créera des tensions avec Phil au début de leur relation)

Elle voue une grande admiration à Aribeth. D’autant plus que celle-ci a été la première personne à détecter ses capacités, et n’a pas hésité à lui confier des missions très importantes.

Arwen est une ‘tactile’. Ce qui signifie qu’elle aime montrer par des gestes son affection pour ses amis ou ses proches. (comportement inspiré de celui d(une de mes soeurs)

*Arwen est une ranger qui n’utilise pas de sort

Variant ranger from Supplement « Complete Warrior » : The variant ranger gains all the normal class features of the ranger, with the following changes and additions.

 Spells: The ranger does not gain the ability to cast divine spells.

 Fast Movement (EX): At 6th level, the ranger’s base land speed increases by 10 feet. This benefit applies only when he is wearing no armor, light armor, or medium armor and not carrying a heavy load.

 

Nature’s Blessing (Su): At 11th level and higher, the ranger can use a standard action to add a +4 bonus to his Constitution, Dexterity, or Wisdom score. This ability may be used once per day, and its effect lasts for 1 minute per class level.

 Freedom of Movement (Sp): A ranger of 16th level or higher can use freedom of mvement on himself once per day, as a caster whose level is equal to one-half the ranger’s class level.

K’ARLA

Alignement :   Loyale Neutre

Classe :           Voleur/Shadowdancer niveaux 6/6

Caractéristiques

FOR 11 DEX 21 CON 12 INT 10 SAG 12 CHA 12

Race:              Drow

Armes :           Sabre et épée courte

Histoire

K’arla fait partie de la maison Kant’tar. Dans sa jeunesse elle travaillait pour une autre maison plus puissante comme espionne et éclaireur. La matrone était contente de son travail, et K’arla était bien considérée. Lorsque la matrone fût tuée par sa fille, K’arla, mal vue par cette dernière du s’enfuir.

Elle vécut pendant un moment en se cachant, jusqu’à ce qu’elle rencontre un demi-drow qui était le chef d’une petite bande de voleurs. Ils travaillèrent ensemble jusqu’à ce que l’homme apprennent son histoire et la livre à la maison qu’elle fuyait. Lors du voyage, K’arla réussit à s’enfuir et revint au camp ou elle tua tous ses anciens camarades.

Avec une puissante maison à ses trousses, elle du s’enfuir vers la surface.

Après son départ de l’Outreterre elle rencontra un mage dont elle tomba amoureuse. L’homme utilisa pendant quelques temps ses talents d’espionne, puis fatigué d’elle la trompa avec une autre. Lorsque K’arla vint lui demander des comptes il l’emprisonna dans son donjon, ou elle fût utilisée comme cobaye pour ses expériences magiques. Le résultat d’une de ces expériences est que la moitié gauche du corps de K’arla est brulée à l’acide. (Note : c’est un sujet qu’il est préférable de ne pas aborder avec elle si vous ne la connaissez pas bien.)

K’arla paraît froide, cynique et insensible. Elle est en fait profondément blessée par le manque de confiance des autres à son égard et voudrait être aimée. Elle est fidèle aux personnes à qui elle accorde sa confiance.

K’arla est totalement dévouée à Tina. Au contact de Tina, K’arla est devenue moins sauvage et cynique.

K’arla est également très liée avec Phil. Elle aime le taquiner pour cacher le respect et l’amitié qu’elle ressent pour lui.

PHIL

Alignement :   Chaotique Bon

Classe :           Barbare niveau 12

Caractéristiques

FOR 20 DEX 11 CON 16 INT 10 SAG 9 CHA 13

Race:              Humain

Armes :           Hache de Gruumsh

Phil est l’archétype du barbare. Il agit souvent selon son instinct, quitte à le regretter plus tard. Il passe rapidement du rire aux larmes et vice versa. Sous son aspect bourru il cache une grande sensibilité. C’est également un homme très fidèle, lorsqu’il donne sa parole il ne la renie jamais.

Il travaille pour Tina depuis quelques années. Elle le considère comme son fils, et c’est le seul homme qu’elle admets de rencontrer sans ses gardes. Au fil des ans il est devenu son second à bord du bateau.

La soeur de Phil est morte dans ses bras il y a quelques années, alors qu’ils combattaient, tous les deux, une bande de pillards. Comme Arwen, c’était une ranger très habile et adroite, mais à l’apparence frêle.

TINA

Alignement :   Chaotique Bonne

Classe :           Ensorceleur 8 / Rogue 2 / Eclaireur Menestrel 5 Prêtresse de Séluné

Caractéristiques

FOR 8 DEX 11 CON 6 INT 16 SAG 16 CHA 18

Race:              Elfe de Lune

Tina était l’esclave d’un homme particulièrement vicieux et mauvais. Elle a été libérée par Aribeth lorsque celle-ci parcourait le Nord. Elle a accompagnée Aribeth pendant quelques années, puis leur chemin se sont séparés lorsqu’Aribeth est devenue paladine de Tyr. Cependant les deux femmes sont restées amies et se sont revue à plusieurs reprises.

De son passé d’esclave Tina garde des cicatrices indélébiles, notamment aux poignets, et surtout de profondes angoisses. Elle ne reste jamais seule avec un homme (hormis Phil, et dans une moindre mesure Hadush, le capitaine de son deuxième bateau). Elle est également très méfiante vis-à-vis des étrangers.

Tina est une femme douce, toujours prête à aider les plus démunis. Elle est très intélligente et c’est une merveilleuse organisatrice. Surtout, elle sait s’entourer de personnes fiables, à qui elle n’hésite pas à déléguer d’importantes responsabilités.

CHAPITRE 3 – PROMENADE DANS LUSKAN

CHAPITRE 3 – PROMENADE DANS LUSKAN

Au petit matin, après avoir pris congé de l’aubergiste les deux femmes se retrouvèrent dans les rues de la ville. Aribeth avait enfilé une cape sombre par-dessus son armure trop reconnaissable. Elles erraient sans trop savoir ou aller. Arwen espérait qu’en parlant de choses banales et gaies elle pourrait décontracter un peu sa camarade. Alors elle parlait de sa jeunesse, de Luneargent, de sa famille … Aribeth écoutait, se contentant d’acquiescer de tant en tant. Le babillage de sa jeune amie faisait son effet et éloignait ses idées noires.

 

Elles avaient franchi le pont principal situé près de l’entrée et contourné l’imposant immeuble qu’était le bordel. Elle venaient de quitter le deuxième pont et un groupe d’hommes en armes barrait la route. Elles eurent tout juste le temps de s’abriter derrière un chariot renversé pour se protéger d’une volée de flèche.

Sortant leurs armes, elles virent approcher le groupe de soldats et d’archers qui portaient  les couleurs du Haut Capitaine Baram. Les archers s’arrêtèrent à une cinquantaine de pas pour recharger leurs arcs, pendant que les soldats chargeaient en hurlant. « A mort les étrangers ! »

« Eilistraee ! » Cria Arwen, en sortant une flèche de son carquois.

Aribeth plongea derrière un autre chariot plus avancé de manière à se placer entre les soldats et son amie, tout en évitant les flèches lancées sur elle. Dès que celles-ci se plantèrent dans le bois des chariots, Arwen se leva à moitié et décocha deux flèches avec une rapidité déconcertante. Deux des archers tombèrent, mort, pendant que les autres se jetaient derrière les ruines de l’immeuble adjacent. Elle tira deux nouvelles flèches dans leur direction afin d’éviter qu’ils sortent la tête pendant qu’elle courait vers un bâtiment en pierre pratiquement intact.

Pendant ce temps les soldats avaient atteint la position d’Aribeth. L’un d’entre eux sauta par-dessus le chariot brisé, espérant pourfendre son adversaire avec son épée, mais Aribeth l’avait entendu et avait levé son épée sur laquelle il vint s’empaler. Elle retira son épée alors que l’inertie du corps le faisait passer par-dessus sa tête, et frappa en arc de cercle sur le soldat qui débouchait du coin droit du chariot. Il poussa un cri d’agonie alors qu’elle roulait sur le côté pour esquiver son camarade qui arrivait de l’autre côté du chariot.

Son épée le frappa au niveau de l’estomac. Elle la retira vivement, parant sur sa droite et frappant une nouvelle fois, touchant ainsi la jambe de l’homme situé derrière le soldat mourant. Il tomba en se tenant la jambe.

Tout en tirant sur les archers, Arwen gardait un oeil inquiet sur son amie. Elle était étonnée d’une telle rage au combat. On était loin des feintes et techniques apprises à l’Académie. Soudain Arwen repéra un soldat qui avait réussi à se placer derrière son amie et s’apprêtait à lui délivrer un coup fatal.

Elle cria « A terre Ari ! » Et tira sur l’homme.

Aribeth plongea au moment ou l’épée allait s’abattre sur elle. Au lieu de l’atteindre à la tête le coup avait glissé sur son armure et avait légèrement entaillé son mollet. L’homme n’eut pas le temps de frapper une deuxième fois, une flèche d’Arwen venait de se ficher dans sa gorge. Le temps qu’Aribeth se relève, un deuxième homme tomba à côté d’elle, une flèche planté dans la poitrine, au niveau du coeur.

C’en était assez pour les survivants qui détalèrent sans demander leur reste.

 

Arwen resta dans sa cachette, surveillant les alentours en attendant son amie qui arrivait en boitillant.

« Merci Arwen. Je ne me rappelai plus à quel point tu étais rapide et précise ! »

Le compliment fit rougir Arwen « Toi aussi tu te débrouilles bien … même si le style ne ressemble pas à ce que tu enseignais à l’Académie. »

Aribeth lui fit un clin d’oeil « Ce qui compte c’est le résultat ! » Ce disant, elle vint s’asseoir à côté de la jeune demi-elfe et commença à fouiller dans son sac. Quelques instants plus tard elle en ressortait une potion de soin qu’elle avala d’un trait.

« Ari, pourquoi n’utilise-tu pas tes sorts de soin ? »

« Sorts de soins ? Moi ? Heuh … Je suis trop fatiguée … Oui, c’est cela, trop fatiguée ! »

Arwen ne crut pas un mot de ses dénégations mais n’insista pas, craignant de raviver sa colère. ‘Hmm, tu mens Ari … Est-ce possible que même ton Dieu t’ai abandonné? Pourquoi ne veux-tu pas te confier?’

En voyant le regard dubitatif de son amie, Aribeth sut qu’elle n’était pas dupe. Elle lui frappa gentiment le dessus de la cuisse « Ne t’inquiète pas, ça va aller … Allez viens on repart ! »

 

 

Quelques instants plus tard elles se trouvaient sur la grande place, devant le temple de Tyr. Aribeth se figea sur place. Elle fixa un moment le Temple, puis ferma les yeux. Elle serrait les dents et les poings pour ne pas pleurer.

Arwen passa son bras sous celui de son amie, la tirant pour l’entraîner à l’écart de la vision qui semblait la troubler  » Viens Ari ! Inutile de raviver ta douleur … On pourra revenir plus tard … Si tu le souhaites. En attendant cherchons ailleurs. »

« Tu ne veux pas rentrer ? » Demanda Aribeth.

« Non ! »

« Mais tu voulais voir Aarin … il doit t’attendre à l’intérieur ! »

Arwen tira un peu plus fort sur le bras de son amie « Allez viens, tête de mule ! » Elle appuya sa remarque d’un sourire complice. « Viens ! Aarin attendra. Je suis avec toi pour l’instant. »

 

Sur leur droite elles pouvaient apercevoir les mâts des bateaux amarrés aux quais. Les nombreux soldats qui patrouillaient sur les quais firent renoncer Arwen à emmener son amie dans cette direction.

Elle l’entraina donc vers la gauche du temple. Au détour de l’immeuble le plus proche du temple Aribeth poussa un cri et s’écroula à genou, se prenant la tête entre ses mains « Nooon! Laissez-moi … Nooon …. Aaahh … Pas maintenant … Laissez la tranquille. »

Alarmée, Arwen s’agenouilla en face de son amie qui était en sueur et tremblante. Elle lui prit la tête entre ses mains. « Ari, qu’est ce qui t’arrives ? Ca va ? »

Aribeth respirait rapidement et de manière saccadée. Elle récupérait tout doucement de la crise, « R … Rien Arwen … C’est fini, ça va aller maintenant. » La pâleur de son visage contredisait ses paroles.

Arwen indiqua une grosse pierre placée dans un renfoncement entre deux maisons. « On peut s’arrêter ici. Je pourrai surveiller les rues pendant que tu récupères et que tu m’expliques ce qui t’arrive ? »

Aribeth semblait embarrassée « Non … ce n’est rien … ne t’inquiète pas … Je … Je suppose que j’ai mal digéré quelque chose. »

« Et tu demandes à ce quelque chose de te laisser tranquille ? Dis-moi la vérité s’il te plait. Dis moi ce qui t’es arrivé ? »

Aribeth se releva et ignora la question. « J’ai mal à la tête ! » Fouillant dans son sac elle but une nouvelle fois de sa potion.

Arwen était pratiquement certaine que son amie avait subi une attaque mentale. Elle se rappelait sa propre rencontre avec un Illithild. Seule l’amulette protectrice de sa déesse l’avait sauvée. Mais son amie Aribeth était une elfe, qui plus est une paladine. Seule une créature très puissante pouvait vaincre ses défenses mentales. A moins … une idée germait dans sa tête … A moins qu’on ait utilisé un produit pour réduire ses défenses mentales … Une potion par exemple. Choquée par les implications de ce qu’elle envisageait, Arwen ne put retenir un cri « Non, ce serait monstrueux ! »

Aribeth la regarda étonnée et un peu inquiète « Toi aussi tu penses tout haut ? »

Arwen décida de garder ses soupçons pour elle; inutile d’alarmer son amie avec ce qui n’était que des suppositions. Elle décida de changer de sujet et d’essayer de détendre un peu l’atmosphère, « Ari … Ca ne te gêne pas que je t’appelle Ari ? »

Aribeth se sentit coupable de la manière dont elle avait rabroué Arwen la veille. « Excuse-moi Arwen, j’étais de mauvaise humeur. Je suis souvent de mauvaise humeur ces temps-ci. » Un petit sourire égaya un peu sa figure triste « Tu sais, cela fait un moment que tu m’appelles comme cela … En fait, j’aime bien que tu m’appelles Ari … Ca me rappelle ma jeunesse … Maman aussi m’appelait Ari, c’était les jours heureux de ma vie. »

Arwen posa sa main sur l’épaule de son amie et la regarda dans les yeux, « Bien … Ari … De nombreux autres jours heureux t’attendent. » Elle appuya ses paroles d’un sourire. Un sourire qui agissait comme un puissant antidote sur le moral d’Aribeth, « Si tu veux me confier ce qui te trouble, cela restera un secret entre nous deux … Essaie d’imaginer que je suis ta soeur et que tu peux me confesser ce qui t’embête … »

« Ma soeur? » Aribeth mit sa main sur celle d’Arwen. Une grande tristesse était perceptible dans ses yeux, « Ma sœur est morte jeune, j’aurai aimé qu’elle grandisse et devienne comme toi … Oui, j’aurai aimé, On aurai pu partager tous nos fardeaux … Elle m’aurait empêché de faire des bêtises. »

Aribeth ferma ses yeux, sa main serrait celle d’Arwen à lui en faire mal. Son tourment était presque palpable. Arwen n’osait pas parler. Elle sentait que le rempart que son amie avait dressé autour de son âme était en train de céder et ne voulait pas risquer de tout gâcher.

Après un interminable moment Aribeth reprit, « Mais c’est trop tard et je ne dois pas t’embêter avec mes doutes … Je ne veux pas que la noirceur de mon âme souille la tienne« . Elle s’écarta d’Arwen et se retourna pour cacher ses larmes.

« Ari … ma soeur…« , elle se rapprocha d’Aribeth et lui prit la tête entre ses mains, sécha ses larmes et dit doucement, « fais-moi confiance … Je donnerai tout ce que j’ai pour te sortir de là … Je suis ta soeur … je suis ton âme … ne te résigne pas. Ensemble on va combattre et ensemble on va gagner. »

Aribeth la prit dans ses bras. Elle la serrait très fort. Arwen pouvait sentir le tremblement du corps de son amie. Ils restèrent ainsi, silencieuses pendant un long moment. C’est Aribeth qui brisa le silence la première. « Merci … Merci du plus profond de mon coeur … Et pardonne moi, je n’ai rien contre toi et je regrette sincèrement de ne pas être une amie plus gaie. »

Après une courte pause elle ajouta, « Je me sens mieux, on devrait repartir, il va bientôt faire nuit. »

Arwen répondit « Allons-y alors. On doit trouver un refuge, je n’aimerai pas avoir à passer la nuit dans ces rues. »

Aribeth lui emboîta le pas, « je te suis Arwen, et je dois t’avouer que ta présence a fait de cette journée la meilleure depuis des semaines! C’est la première fois depuis la mort de Fentick que je ne me sens pas seule.« 

Chapitre 2 – Cauchemars ?

Tacitement les deux femmes avaient décidé de laisser de côté, pour la soirée, toute discussion sérieuse. Arwen sentait qu’il était préférable de détendre son amie en lui parlant de choses banales et gaies, et Aribeth ne se sentait pas le courage d’évoquer sa possible trahison. L’aubergiste avait accepté de fournir une deuxième couche. Il leur avait avoué candidement qu’il n’avait plus de chambre libre.

Le prix qu’il avait réclamé pour le repas avait sidéré Arwen. C’était suffisant pour louer trois chambres! Ce n’est qu’après qu’il eut expliqué que le ravitaillement en nourriture était difficile du fait de la situation en ville, qu’elle avait accepté à contre-coeur de payer. Le coût du bain était plus raisonnable et lui avait un rendu sa bonne humeur.

Deux serveuses avaient apporté un baquet en bois qu’elles avaient rempli d’un mélange d’eau chaude et d’eau froide. Arwen s’était immédiatement déshabillée pour profiter de la tiédeur réparatrice du bain. Tout en se lavant, elle discutait avec Aribeth qui s’était allongée sur son lit.

En sortant du baquet elle fronça le nez. Elle sentait de nouveau la puanteur de la ville qui entrait par la fenêtre. Elle se rhabilla en vitesse et demanda une bougie parfumée aux deux serveuses lorsqu’elle vinrent rechercher le baquet.

Une des filles revint peu après avec deux plateaux contenant du pain noir, du ragoût, du fromage dur, des fruits séchés et une pinte de lait. Elle apportait également la bougie réclamée.

Arwen tira les volets avant d’allumer la bougie. Celle-ci embauma un peu l’air de la pièce, bien que la puanteur soit toujours présente. Cependant c’était suffisant pour la mettre en appétit. Elle nota que le ragoût contenait des morceaux de légume et de viande dont elle préférait ignorer l’origine.

Voyant qu’Aribeth ne mangeait que du bout des lèvres, Arwen la réprimanda gentiment « Ari, tu devrais manger plus, tu as besoin de reprendre des forces. »

Aribeth passa la main sur son visage émacié par des jours de jeûne et des nuits de cauchemar et répondit d’une voix lasse. « Je … je n’ai pas faim. »

Arwen interrompit son propre repas et inclina la tête sur le côté en fixant son amie « Ari, si tu ne manges pas, je ne te parle plus. » Elle termina sa phrase en tirant la langue, pour bien montrer qu’elle plaisantait.

Aribeth ne put retenir un sourire. « Tu ne changes pas, toujours aussi espiègle … » Elle baissa la tête quelques instant avant de regarder Arwen dans les yeux « Et j’espère que tu ne changeras jamais, je t’apprécie comme cela … tu sais, cette soirée avec toi me fait énormément de bien. » Elle soupira pour chasser les idées noires, puis porta quelques fruits secs à sa bouche. « Peut-être que tu as raison je dois manger. »

***

Après le repas, Arwen s’allongea sur sa couche. « On devraient essayer de sortir de la ville demain, Ari. Je préfèrerai trouver un autre endroit pour dormir, je n’aime pas du tout ce que j’ai vu dans la salle commune. »

« On ne peut pas sortir de la ville, et je ne connais pas un autre endroit qui conviendrait pour nous deux, » répondit tristement Aribeth.

« Pourquoi n’irait-on pas chercher refuge au temple de Tyr? »

Aribeth se redressa immédiatement sur son lit, en colère. « C’est donc pour ça que tu es venue ! Pour me ramener auprès d’Aarin et toute la clique de Pasdhiver? »

Arwen regretta immédiatement d’avoir posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment. « Excuse-moi Ari … je ne voulais pas t’offenser, je pensais juste que le temple de Ty .. »

Aribeth la coupa net, une pointe d’agacement dans la voix. « Ne me parle plus de Tyr ! » Elle se radoucit et se rallongea sur le lit en essayant de contenir les larmes qui revenaient « Désolée ! Je sais que tu n’avais pas d’arrières pensées Arwen, mais s’il te plait, parlons d’autres choses. »

« Comme tu veux mon amie … Mais cette auberge me donne la nausée. J’ai la désagréable impression que des yeux nous observent et des oreilles nous écoutent. »

« Tu ne crois pas si bien dire » Aribeth ferma les yeux. ‘Je devrai lui dire, lui demander de partir pour sa propre sécurité. Je suis lasse … lasse … mais je ne veux pas la blesser … pas elle!’. Elle reprit d’une voix tremblante « Demain … Si tu veux demain nous chercherons un autre abri. Tu devrais te reposer maintenant. »

« Demain matin. » Acquiesça Arwen. « Bonne nuit Ari », ajouta-t-elle en fermant les yeux.

*****

Quelques instants plus tard la jeune demi-elfe dormait d’un sommeil profond. Aribeth ne pouvait, ou plutôt ne voulait pas trouver le sommeil. Depuis des nuits elle redoutait cet instant qui lui apportait haine et désespoir. Se rasseyant sur son lit elle tourna la tête là où reposait son amie. ‘Ma pauvre Arwen, si tu savais ce que je suis devenue. Il n’y a plus de paradis pour moi … seuls les puits de l’enfer m’attendent.’

Puis, en voyant la quiétude et la douceur qui émanait du visage de son amie endormie, un petit sourire se forma sur ses lèvres. ‘Comment peut-elle s’endormir alors que tant de nuages s’amoncellent sur nos têtes … J’aurai du lui parler plus tôt de mes problèmes … mon amie … ma seule amie.’ Elle se rappelait leur première rencontre. La jeune demi-elfe, vêtue d’habits abîmés et usés, s’était glissée entre les gardes du château et s’était plantée devant elle, les mains sur les hanches en disant ‘Dame Aribeth de Tylmarande, je viens me mettre à votre service pour combattre le mal!’

Les semaines suivantes avaient été joyeuses en dépit de l’épidémie qui ravageait la ville. Elles étaient rapidement devenues de très bonnes amies. Aribeth avait enfin trouvé quelqu’un à qui elle pouvait ouvrir son coeur. Quelqu’un qui écoutait patiemment ses doutes quant à l’amour que Fentick était censé éprouver pour elle. Elle ferma les yeux, glissant tout doucement dans une rêverie qui pour une fois s’annonçait plaisante.

Elle se revoyait courant dans les bois, jouant avec les autres enfants de son âge. Elle revoyait son père, sa mère qui l’attendait les bras ouverts … Imperceptiblement les pensées qui affluaient devinrent moins gaies … Les gens criaient autour d’elle … des hurlements, des larmes, du sang … Et soudain le vide … Ses parents, sa soeur, et ses amis morts dans la neige … La haine, la vengeance. La même vengeance que réclamait maintenant Fentick.

Le cauchemar devint plus précis, presque comme si une personne lui parlait. ‘Arwen ess une essspionne envoyée par Nasssher. Elle est là pour te piéger. Ne l’écoute pas. Elle veut te voler ta vengeance. Tu DOIS la tuer avant qu’il ne sssoit trop tard.’

« NON! » Son cri avait déchiré le silence de la pièce.

Aribeth se releva et enfouit son visage en sueur dans ses mains. ‘Non, pas cela!’ D’un regard rapide vers son amie, elle s’assura qu’elle ne l’avait pas réveillée. Sa tête lui faisait affreusement mal ‘Cela empire de jour en jour’. Elle se leva et prit dans son sac la potion que lui avait donné Fentick. Elle en but une gorgée puis s’approcha du lit de son amie. Celle-ci s’était découverte en se tournant dans son lit, mais elle dormait toujours. Toujours effrayée par les horribles idées qui s’insinuaient dans son esprit elle pensait ‘Je n’arrive même plus à contrôler ma folie meurtrière … Si je reste ici, je vais entraîner Arwen dans ma descente aux enfers.’ Aribeth remonta la couverture sur son amie et s’agenouilla à côté d’elle. Elle pouvait sentir sa respiration calme et régulière. Son visage radiait de sérénité et de confiance.

Aribeth remit en place une mèche de cheveux qui barrait le visage de son amie, elle lui caressa gentiment la joue avec le dos de sa main et lui murmura à l’oreille. « Ma jeune amie, tu ne m’a pas abandonnée comme les autres. Tu es la seule personne qui me fasse encore sourire … Mais je dois te protéger de ma folie … Il est préférable que je te quitte maintenant … J’espère que tu me pardonneras un jour … je t’aime comme la soeur que je n’ai jamais connue … Comme la soeur qui est morte dans les bras de maman … Pardonne moi Arwen. »

Avant de se relever elle embrassa le front de son amie, puis après un dernier regard elle retourna vers son propre lit et commença à rassembler ses affaires, décidée à quitter la chambre avant le réveil d’Arwen.

*****

Le cri d’Aribeth avait réveillé Arwen. Elle allait se lever lorsqu’elle fut intriguée par l’attitude de son amie. Estimant que celle-ci n’était pas en danger, elle jugea préférable de feindre le sommeil. Elle l’avait vu boire une potion, se demandant pour quelle raison elle en avait besoin. Elle n’avait pas bougé lorsqu’Aribeth s’était approchée d’elle et avait replacé sa couverture. Pas plus lorsque l’elfe lui avait chuchoté à l’oreille. Lorsque celle-ci était repartie vers son lit, elle s’était assise silencieusement.

Elle observait les préparatifs de la paladine qui était train de fermer son sac et était visiblement trop préoccupée pour faire attention au monde alentour.

« Ari … Ce n’est pas bien, tu devrais te reposer! »

Aribeth sursauta « A … Arwen je pensai que tu dormais? »

« Non Ari … et j’ai entendu ce que tu as chuchoté quand tu es venue à côté de mon lit. »

Aribeth se tourna face à son amie. Un profond sentiment de honte et de culpabilité la submergea. Elle baissa la tête comme une gamine prise en train de voler des confitures. Se mordant les lèvres, elle bredouilla « Arwen, tu ne dois pas rester avec moi … je suis trop dangereuse … je ne contrôle presque plus mes pulsions intérieures. »

« Ari, calme-toi … Si tu es capable de dire non à ce qui te troublait tout à l’heure, c’est que tu gardes le contrôle. »

Aribeth était désolée, ne sachant comment expliquer l’horreur des cauchemars qui la hantait. « Arwen … »

Arwen porta son index devant sa bouche « Chut, mon amie … Ne parle pas sous le coup de l’émotion et de la fatigue. On parlera plus tard. En attendant je voudrais que tu te reposes un peu. Ensuite on s’expliquera calmement … Je voudrais aussi que tu saches que je suis venue ici de mon plein gré et sans en parler à personne … que je ne crains rien de toi, car je te fais entièrement confiance. »

Ces paroles amicales calmèrent un peu Aribeth. Il restait le problème des cauchemars … « Je ne veux pas me reposer … j’ai peur de ce qui est caché en moi. »

« Ari, regarde-toi! Tu ne vas plus tenir très longtemps sans te reposer … S’il te plait, repose-toi, je vais rester à côté de toi … repose-toi en pensant à tout ce que tu as fait de bien … ensuite on essaiera toutes les deux d’apaiser ton trouble. »

Aribeth hésita un instant pesant toutes les implications de sa décision. Elle savait qu’elle ne pourrait éviter longtemps les agents de Maugrim si elle restait à l’auberge. Avant l’arrivée d’Arwen, cela ne la dérangeait pas, et était au contraire son but. Mais maintenant, un petit espoir s’était rallumé en elle. Elle répondit à voix basse, comme si elle voulait que seule Arwen l’entende « Bien, je vais écouter ton conseil, et ensuite on cherchera un autre abri. »

Arwen Moondream – Chapitre 1 – Rencontre dans Luskan

NOTE : C’est une histoire que j’avais rédigé après avoir terminé Neverwinter Nights 1. Elle se situe à la fin du chapitre 2, Arwen, au lieu de suivre bêtement la trame de Bioware,part à Luskan à la recherche de son amie Aribeth. Pourra t’elle changer le cours de l’histoire?

CHAPITRE 1 – RENCONTRE DANS LUSKAN

Dans la lueur blafarde du crépuscule la masse inquiétante de la cité des pirates se dressait devant Arwen. Les charognards qui volaient au dessus des tours sombres et les nuages de fumées qui montaient vers le ciel ne présageaient rien de bon.

Arwen se sentait seule.

Daelan, son camarade des précédentes missions, n’était pas là. Sa présence silencieuse lui manquait. Elle n’avait personne à qui parler pour se rassurer et pour combattre le découragement qui la gagnait. Qui sait ce qu’elle allait découvrir derrière ces murailles? Elle regrettait de n’être pas parti plus tôt à la recherche de son amie et d’avoir perdu sa trace la veille lorsqu’un groupe de brigands l’avait retardé.

Est ce qu’il n’était pas déjà trop tard pour aider Aribeth?

Lors de leur dernière conversation avec son amie elle avait perçu sa rancoeur à l’égard de la cité de Pasdhiver, coupable selon elle de la mort de son fiancé Fentick. Elle avait aussi senti que la paladine était profondément affecté par les rumeurs qui couraient.

Cs rumeurs n’étaient pas fondés, elle en était sûre. Les gens se trompaient. Il était impossible qu’Aribeth soit une traîtresse qui voulait rejoindre le culte de Maugrim. Comment pouvaient-ils avoir oublié ce qu’Aribeth avait fait pour combattre la mort hurlante? Comment Nasher avait pu la relever de son commandement sur la base des craintes et arrières pensées de certains seigneurs de l’Alliance ?

C’est pour cela qu’elle était ici. Elle ne pouvait plus supporter d’entendre autant de méchancetés contre son amie et avait décidée d’aller l’aider. Elle prouverait à tout Faerun qu’Aribeth avait été mal jugée, elle rétablirait son honneur.

A l’est, la lune avait fait son apparition. Arwen se tourna vers elle ‘Eilistraee, s’il te plait, donne-moi le courage et la foi.’

Cette courte prière procura un regain de courage à la jeune demi-elfe. Elle reprit sa marche et se dirigea résolument vers les portes de la cité.

*****

Un petit groupe de garde l’observait soupçonneusement et méchamment alors qu’elle s’approchait. L’un d’entre eux l’apostropha avec morgue. L’armure en acier qu’il portait l’identifiait en tant qu’officier responsable des soldats.

« Halte! » aboya t-il, la main à son épée. « Luskan est fermée à tous excepté ceux qui ont affaires avec les Hauts Capitaines. Alors dégagez avant que je ne perde patience! Et vite! »

« Je suis attendue en ville » répondit Arwen avec fermeté, espérant que sa voix ne trahirait pas la crainte qu’elle ressentait. Elle fouilla dans sa poche et en sortit le laissez-passer qu’elle avait trouvé sur le cadavre d’un membre du culte lors de son voyage vers Luskan.

L’officier examina attentivement le passe « Vous travaillez pour Maugrim? » dit-il dubitatif, en scrutant son visage.

« Oui » répondit elle laconiquement, en espérant qu’il n’allait pas lui poser des questions auxquelles elle ne pourrait pas répondre.

Soudain un grondement sourd provenant du centre de la ville fit trembler la terre. Un garde surgit de derrière les portes et vint parler à l’officier. Celui-ci murmura un juron et lança son passe à Arwen. « Bon, vous pouvez entrer. » Puis il rassembla ses hommes et s’engouffra sous le porche.

*****

Arwen les suivit. La puanteur de l’air la prit à la gorge. Un des soldats resté en arrière la dévisageait sans vergogne.

Elle était sur le point de lui demander son chemin mais se ravisa. Ce serait avouer qu’elle n’était pas un membre du culte. Son meilleur espoir était de trouver la taverne la plus proche ou un passant amical. Devant elle, l’officier et son peloton se déplaçaient rapidement. Elle n’avait pas l’intention de les rencontrer à nouveau et se dirigea dans la direction opposée.

Plus elle pénétrait dans la ville, plus elle était déprimée. Les rues étaient dévastées et abandonnées. C’était pire que les bas-fonds de Pasdhiver aux pires moments de l’épidémie de mort hurlante. La puanteur des cadavres en décomposition qui jonchaient les rues remplissait l’air. Arwen remonta son foulard pour se couvrir le nez, en espérant que la fine étoffe parfumée filtrerait les effluves nauséabondes. Les incendies épars ajoutaient leurs effluves de mort et de désolation. Certains des bâtiments semblaient intacts mais tout indiquait qu’ils avaient été pillés. D’autres étaient devenus des ruines fumantes. S’il y avait toujours des gens vivants, ils s’étaient cachés ailleurs.

La nuit tombait alors qu’elle zigzaguait entre les cadavres. Des essaims de mouches bourdonnaient et s’éparpillaient brièvement à son approche avant de se reformer. Elle évitait de regarder de trop près les cadavres boursouflés. Des chariots abandonnés ou cassés entravaient la circulation, des chevaux morts étaient encore attelés à certains d’entre eux. D’autres, toujours chargés de marchandises, s’étaient retournés, renversant des barils et des caisses dans les rues. Il n’y avait aucune denrée périssable en vue, les survivants avaient dus ramasser tout ce qui était comestible. Le vent lui apportait des cris et des bruits de bagarres. Elle espérait ne pas tomber au milieu d’un de ces affrontements. Certaines des rues étaient barricadées et l’obligeaient à revenir sur ses pas.

Elle allait passer le coin d’une rue lorsqu’elle se figea en entendant les pas de quelqu’un qui s’approchait. Sortant ses sabres de leurs fourreaux, elle s’adossa contre le mur du bâtiment. Un grand homme à la carrure impressionnante arrivait. Repérant la jeune demi elfe il réagit rapidement en sortant lui aussi son épée. Elle se mit en garde. Ils se regardèrent l’un l’autre avec défiance, prêts à la bataille. Le regard de l’homme se posa sur ses habits tachés par son voyage. Il se détendit, et baissa son épée.

« Ne craignez rien, je ne vous veux pas de mal » lui dit-il. « Vous ne ressemblez pas à un des soldats de Kurth ou de Baram. Vous feriez mieux de ne pas trainer dans les rues si vous le pouvez, elles ne sont pas sûres, particulièrement pour une jeune femme. »

Arwen restait méfiante, « Je sais me défendre … Mais qui sont ces soldats dont vous parlez? »

« Vous n’êtes pas de la ville? Les combats durent depuis quelques semaines maintenant. Les Hauts Capitaines se sont mutuellement déclaré la guerre. Personne ne sait pourquoi … certains pensent qu’ils sont devenus fous. Chacun des Hauts Capitaines a sa propre armée et ils dévastent Luskan. La ville est dans le chaos. Les magiciens ne sortent plus … ils sont peut être morts, mais on en sait rien. »

Arwen rengaina ses armes. « Et qui sont ces Haut Capitaines? »

« Ils étaient cinq, avant… tous des seigneurs pirates installés pour régner sur la ville ensemble au bon plaisir de la Confrérie des Arcanes. Maintenant il semble qu’ils ont décidés de s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un … ou jusqu’à ce que Luskan soit en ruine, peut-être, » Il hocha la tête tristement. « Il en reste deux maintenant, d’après ce que je sais … le Haut Capitaine Baram et le Haut Capitaine Kurth. Regardez autour de vous, beaucoup de gens ont été enrôlés de force dans leurs armées … ou juste abattus dans les rues. Les maisons ont été pillées et brûlées. Il n’y a désormais plus aucune autorité ici. Le port est fermé, les portes ont été verrouillées. Nous sommes tous coincés ici dans ce désordre. »

« Je vois … Et vous qui êtes-vous? »

Il grimaça « Mon nom est Gregor, j’ai été engagé par la maison de passe que vous apercevez derrière moi, pour essayer d’empêcher certains des pires éléments errant dans la ville d’entrer dans l’établissement et j’essaie de protéger nos filles. »  En voyant le regard réprobateur d’Arwen il s’esclaffa en fronçant les sourcils, mais redevint rapidement sérieux. « C’est mieux que d’être forcé de combattre dans une guerre à laquelle je ne veux pas être mêlé. »

« Bien, Gregor, merci du conseil … Vous savez s’il y a une auberge où je pourrais me reposer par ici? »

« L’auberge du Sabre est toujours ouverte, je pense. Elle est située à gauche de la porte principale, juste derrière nous. »

« Merci! Est ce que je peux vous poser une dernière question sans abuser de votre temps? »

Il fit une révérence « Demandez, Ma Dame! C’est devenu si rare de parler avec quelqu’un de civilisé dans cette ville. »

Arwen rougit « Avez-vous vu une femme elfe récemment? Elle porte une armure argentée. »

« Oui, Ma Dame. J’en ai vu une. Elle aussi m’a demandée ou trouver une auberge. Il y a des chances qu’elle soit à l’auberge du Sabre … Si elle n’est pas morte. »

Ces mots choquèrent Arwen qui s’exclama « Morte!? »

Il hocha la tête tristement. « Oui, les elfes ne sont pas bien accueillis ici … Et je vois que vous avez du sang elfe … Vous devriez être très prudente! »

*****

Elle remercia Gregor et se dirigea dans la direction qu’il lui avait indiqué. Ses dernières paroles l’avaient inquiété. En temps normal son amie était capable de se défendre seule, mais dans l’état ou elle se trouvait actuellement c’était moins sure.

Ces sombres pensées en tête, elle s’était dépêchée vers l’auberge. Quelques minutes plus tard elle en poussait la porte.

L’intérieur était gaiement bruyant. C’était l’antithèse du silence et de la tristesse des rues qu’elle venait d’emprunter. D’un coup d’oeil elle se rendit compte que la plupart des clients semblaient être impliqués dans des activités douteuses. Elle devrait faire attention ici.

Une garde l’arrêta sur le seuil et l’interpella avec morgue. « Hé vous ! Vous devez me remettre vos armes avant d’entrer. »

« Pourquoi? »

« C’est le règlement! Regardez autour de vous, aucune épée n’est admise ici. Vous les récupérerez en sortant …. Si vous ressortez »

Arwen examina la salle. De fait, il n’y avait aucune épée visible, mais ses yeux vifs avaient notés quelques exceptions. « Pourquoi certains ont gardés leurs armes? Je ne suis pas du genre à chercher la bagarre, vous savez. » Dit-elle avec son sourire le plus innocent.

« C’est la règle, aucune épée. Celles que vous voyez sont des exceptions autorisées par le patron … des personnes connues et respectables, alors sortez ou donnez vos armes sans discuter. J’aime pas les gens qui palabrent. » Il se fit menaçant « Suis-je assez clair? »

A regret elle lui confia ses sabres, « Puis je garder mon arc? » Arwen n’avait pas envie de laisser sa plus précieuse arme dans les mains d’un inconnu.

« Pas de problème, revenez me voir quand vous sortirez pour récupérer vos sabres. »

Elle se dirigea vers le bar où un grand homme à la chevelure rouge la salua. « Aruph Thunderfist à votre service. Que voulez vous? Une chambre? Souper? »

« Je suis à la recherche d’une amie. Une femme elfe. Vous en avez vu une? »

« Cchhht ! » De la main il lui fit signe de parler moins fort. Il regarda tout autour de lui, lui fit signe de s’approcher et reprit à voix basse « Oui! Une elfe m’a loué une chambre hier. Je pense qu’elle doit s’y trouver, elle n’en sort pas depuis son arrivée. Allez à ma gauche, vous la trouverez à l’extrémité du couloir. Mais je dois vous prévenir qu’elle ne semble pas très sociable. Je dirai même, plutôt agressive. »

« Merci! » répliqua t’elle poliment avant de se diriger vers la pièce indiquée.

‘Agressive? Ce n’est pas Aribeth? Ou alors la situation est pire que ce que je ne l’imaginai.’ L’inquiétude rongeait Arwen alors qu’elle naviguait entre les tables. Elle fut ramenée brutalement à la réalité par deux grands hommes, visiblement ivres, qui lui barraient le passage. L’un d’entre eux avait saisi son bras, et elle maudit le garde qui lui avait pris son épée. Mais elle n’était pas totalement désarmée, elle avait gardé un poignard caché dans sa botte gauche. Mais comment l’atteindre?

« Regarde qui vient à nous! Une stupide petite elfe solitaire » se moqua l’homme qui lui tenait le bras.

« Pire qu’une elfe, une bâtarde demi-sang!. » répondit l’autre homme en lui crachant sur les pieds. Les conversations se turent et la taverne devint silencieuse alors que tous observaient avec avidité et curiosité. Le garde qui avait pris ses armes n’avait pas bougé d’un pouce pour venir l’aider.

« Lachez mon bras, sinon vous allez le regretter! » Arwen avait essayé de parler d’un ton ferme et autoritaire.

« Oh! J’ai peur. » En riant l’homme resserra la prise sur son poignet. « Montres moi ce que tu sais faire, petite bâtarde! »

Mentalement Arwen avait évalué les capacités des deux hommes. Ils ne semblaient pas très vifs et elle avait certainement le temps de prendre sa dague. Ils allaient être surpris. Arwen banda ses muscles, se préparant à agir, lorsqu’un troisième homme s’approcha. Un barbare grand et musclé. D’un ton sec le nouveau venu interpella les deux hommes. « Vous êtes sourd? La dame vous a demandée de la laisser tranquille! »

Le ruffian qui la tenait répondit « Fiche nous la paix paysan ! tu pourras t’en occuper quand on … » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, ni d’esquiver le poing qui venait de le frapper au visage, l’envoyant s’étendre sans connaissance au plancher. Le barbare replia son bras en balançant son coude dans l’estomac du deuxième homme, avant de l’achever d’un coup de genou au visage, le mettant ainsi hors de combat. Les curieux qui s’étaient attroupés retournèrent à leurs occupations précédentes. Les serveuses se dépêchèrent de retourner à leurs occupations. La vie de la taverne reprit comme si rien ne s’était passé.

« Merci …, » Arwen regardait le barbare d’un air interrogateur.

« Je m’appelle Phil, second du capitaine Tina à bord de l’étoile de la Mer du Nord. » répondit-il en lui tendant la main.

Arwen tendit la sienne, « Merci Phil. Mon nom est Arwen. »

« Hum, Arwen, joli nom pour une jolie dame. Mais, ce n’est pas un endroit pour vous, il y a trop d’imbéciles et d’ivrognes ici. Avez-vous besoin d’une escorte? » Ses yeux bruns brillaient.

Arwen avait rougi. Elle espérait qu’il ne le remarquerait pas. Cet homme était impressionnant. Il ressemblait à Daelan, mais était plus attirant. Elle se demanda pourquoi elle n’avait pas pris ombrage de sa présomption qu’elle avait besoin de sa protection. « Merci pour votre offre aimable mais je suis ici pour rendre visite à une amie, qui a pris une chambre dans cette auberge. »

« Ahh! Mes excuses, j’aurai du deviner que vous n’étiez pas seule. »

Elle le trouvait charmant, et lui répondit en souriant « Mais peut-être qu’on pourrait fixer un rendez-vous plus tard? »

Il répliqua gaiement. « Ainsi j’ai une chance de vous revoir Arwen? »

Arwen était charmée par le puissant barbare. Avec une audace qu’elle ne se connaissait pas elle effleura son bras avec malice. « Peut-être. Je verrai. Dites-moi où je peux vous rencontrer? »

« Mon bateau est amarré aux docks, je serai heureux de vous y rencontrer de vous présenter à mon capitaine qui est une elfe comme vous. »

« Vous ne détestez pas les elfes on dirait ? »

« Bah les gens d’ici sont idiot ! J’aime mieux parler avec une elfe qu’avec une de ces brutes aviné »

« Je ne suis pas une vraie elfe, Phil. »

« Peut-être, mais vous avez la grâce d’une vrai elfe. » Les deux jeunes gens se regardèrent en souriant, avant qu’il ne poursuive « Je ne vais pas vous retarder plus longtemps, mais je reste ici encore un moment. Alors n’hésitez pas à m’appeler si d’autres ivrognes vous tracassent, je sais comment faire pour leur apprendre à respecter les dames ! »

A ces mots, Phil était revenu à sa table. Arwen l’avait suivi des yeux, l’étudiant discrètement. Il semblait avoir environ 25 ans. Le cale de ses mains et la cicatrice mince au-dessus de son oeil droit indiquaient qu’il avait l’expérience du combat. Il émanait de lui une aura de présence qui dénotait probablement un homme habitué à  commander. ‘Il est mignon. J’essaierai de le revoir quand Aribeth sera sauvée.’

*****

Elle s’arracha à sa rêverie pour se diriger vers la chambre qui était censée être celle d’Aribeth. Devant la porte, Arwen, un peu nerveuse, rassembla ses esprits. Elle frappa ses phalanges contre le bois et refrappa une deuxième fois sans aucune réponse. Elle tourna la clanche et fut étonnée de la trouver déverrouillée. Aribeth était-elle sortie?

Elle ouvrit la porte. La pièce était dans l’obscurité totale, à l’exception d’une petite bougie vacillante près de l’entrée. Une ombre se déplaça. « Halte! » le ton était froid et cassant. « Qui êtes-vous? Que faites-vous dans ma chambre? »

Arwen frissonna au ton glacial de cette voix qu’elle avait connu plus chaleureuse. « Aribeth? Dame Aribeth? Je suis ton amie … »

Un éclat de mépris la figea sur place. « Mon amie? … Je n’ai plus d’amis … J’ai seulement de la haine et du désespoir. De la haine pour Pasdhiver. J’ai dit qui êtes-vous? »

« Ari, S’il te plait, ne dis pas cela … c’est moi Arwen … Je suis ici pour t’aider. » Elle tendait le cou pour essayer de voir Aribeth, sans bouger du pas de la porte.

« Arwen! Qui t’as envoyé ici ? »

« Personne! Quand tu as disparu de Port Llast j’ai laissé les autres pour partir à ta recherche. » Arwen sursauta quand une allumette craqua à côté d’elle pour allumer une lampe. Elle était tellement surprise de la réaction d’Aribeth qu’elle ne l’avait pas entendu se déplacer. Aribeth semblait pâle et absente. Elle jeta l’allumette sur le plancher pour en écraser la flamme. Sa botte râpa durement sur le plancher en bois. Sans regarder Arwen elle alla se placer face à la fenêtre ouverte du côté opposé de la pièce. Une brise froide apportait des relents de mort dans la chambre.

« Je n’ai pas besoin de toi! Je ne veux aucune aide! Je veux seulement venger Fenthick, et ici j’en ai la possibilité. Repars à Pasdhiver et oublie-moi! »

Arwen fit un pas dans la chambre et referma la porte. « Ari, as-tu pensé … »

Aribeth gronda « Arrêtes de m’appeler Ari! Laisse-moi seule. C’est un ordre ! Si tu étais vraiment mon amie tu comprendrais … »

Arwen n’avait pas voyagé jusqu’ici pour être renvoyée comme cela. « Non, je ne comprends pas. Je crois que tu ne mérites pas d’être seule face à une telle douleur et je veux te soutenir pour laver le déshonneur avec lequel certains voudraient souiller ton nom. Laisse-moi partager tes peines, Ari. » Elle poursuivit avec ferveur. « Partage ton fardeau pour retrouver la paix. » Elle tendit la main pour toucher son amie, mais la retira promptement lorsque celle-ci se tourna face à elle, pleine de colère.

« NON! Ils doivent payer! Il n’y aura aucun repos pour moi tant que ceux qui ont versé le sang de Fenthick seront en vie! Personne ne pourra m’arrêter, pas même ceux qui prétendent être mes amis! Tu penses que tu peux m’arrêter? »

Arwen failli être désarçonnée par la douleur profonde de son amie. Une douleur  apparente sur son visage aux joues pâles et creusées, apparente aux cernes sous ses yeux et à la fureur ardente qui y brulait. « Ari, pourquoi m’a tu donné cet anneau alors? » En cherchant sous sa chemise elle avait sorti un anneau de la chaîne qu’elle portait autour de son cou. « Pourquoi m’as-tu dit que j’étais ton amie? Pourquoi … »

La fatigue du voyage, les craintes, les jours d’incertitude, le danger et la douleur submergèrent Arwen qui ne put finir sa phrase. Elle tomba à genoux, pleurant. Ce geste réveilla chez Aribeth les sentiments qu’elle essayait de contenir. Lentement, elle se mit à genoux à côté d’Arwen. Elle hésita un court instant avant de passer son bras autour des épaules étroites de son amie.

Elle se sentait désespérée et coupable. Toutes les émotions enfouies en elle remontaient, comme l’eau déborde d’un barrage brisé. Après la mort de Fenthick, elle avait senti que tout lui échappait. Les gens qui auraient pu la soutenir l’évitaient. Bien que rien n’ait été dit d’une manière franche autour d’elle, elle savait qu’ils craignaient qu’elle ne soit corrompue elle aussi. Fenthick avait été son amoureux, comment pouvait-elle pas ne pas savoir? Et quand elle avait essayé de défendre Fenthick et de demander la clémence, cela l’avait enfoncée encore plus. Mais Fenthick était innocent! Il n’était pas au courant de la duplicité de Desther.

Personne n’avait voulu l’écouter. Ils voulaient juste un bouc émissaire! Ils n’étaient pas intéressés par la justice, ils voulaient seulement calmer la foule en colère !

Elle s’était senti tellement seule. Elle n’avait pas pensé que quelqu’un s’inquièterait pour elle. Elle savait qu’elle était sur le point de s’allier à un homme très mauvais. Mais afin d’obtenir la justice et la vengeance pour Fenthick, elle était disposée à payer n’importe quel prix. Mais voila qu’arrivait Arwen, sa jeune étudiante et sa protégée. Arwen, qui ressemblait tellement à ce qu’elle même était dans sa jeunesse, et qui l’avait suivie en espérant la sauver. Elle n’avait pas prévu que quelqu’un aurait une telle foi en elle..

Aribeth prit l’anneau qu’elle avait donnée à Arwen. Le diamant minuscule de cristalline luisait sous la lumière de la lampe lorsqu’elle passa un doigt au-dessus du mot ‘Bronwe‘ gravé dans le metal.

Arwen lui demanda « Tu te rappelles ce que tu m’as dit quand tu m’as donné cet anneau? »

Le souvenir de ce tendre moment de complicité fit sourire Aribeth « Oui! Je t’ai dit d’avoir confiance dans les dieux, dans tes amis et en toi même! »

« Et de respecter les liens de l’amitié! » Arwen saisit les mains de son amie, la forçant à la regarder dans les yeux afin qu’elle se rende compte de sa sincérité. « Je suis venue pour accomplir cet engagement. Pas comme une obligation, mais comme marque de mon respect, de ma foi et de mon amitié. Je me tiendrai prête à tes côtés, pour t’offrir ma main dans ces moments de doutes et de douleur. Pour te guider, pour être ta lumière dans l’obscurité qui t’enserre. Quoique tu décides, j’espère pouvoir te donner la force de choisir sagement. »

Aribeth baissa les yeux. Elle se sentait déchirée. Les mots d’Arwen lui apportaient la joie et la douleur et elle ne savait que dire.

Interprétant tristement le silence de son amie pour un refus, Arwen soupira en baissant la tête. « Tu veux que je parte ? »

« Non. Reste. Reste avec moi! » Aribeth remit l’anneau dans les mains d’Arwen.

Celle-ci l’enfila sur sa chaine. « Tu vois, je porte ton anneau contre mon coeur, il me protège contre le mal. »

« Je suis désolée pour mes mots durs, j’ai été méchante. » S’excusa Aribeth.

« N’y pense plus, Ari. Nous parlerons plus tard mais d’abord, je voudrai me reposer. » Arwen se leva, en offrant sa main à Aribeth. « J’ai voyagé toute la journée. J’ai faim et soif et je suis sûre qu’il en est de même pour toi. Quand je te regarde, je me dis que tu n’as pas du manger correctement depuis des jours. » Elle reprit son sac de voyage qu’elle avait laissé tomber par terre. « Mais je dois d’abord louer une chambre à l’aubergiste. »

« Tu peux partager cette pièce avec moi, elle est assez grande pour deux. L’aubergiste pourra apporter une autre couche. » suggéra Aribeth. « Et si tu veux te laver, les salles de bain sont fermées. L’aubergiste peut fournir une baignoire. »

Arwen accepta l’offre avec joie, laissant tomber son sac en arrière sur le lit avant de sortir pour trouver l’aubergiste. Aribeth la suivit, consciente du fait que son agitation intérieure n’avait pas cessée. L’installation d’Arwen pour la nuit éloignait temporairement les soucis. Mais ils étaient toujours présents.