Chapitre 7 – LE REPAIRE D’INTHER
La caverne débouchait sur une autre, plus grande et remplie de cellules fermées par de lourdes portes en bois. Arwen, se dirigea vers la première et regarda par la lucarne située sur la porte. La pièce était remplie d’hommes et de femmes en haillons. Arwen chercha du regard un endroit ou pourrait se trouver les clés.
« Qu’est ce que tu cherches petite elfe ? »
Étonnée et un peu agacé Arwen répondit. « Je vais les libérer. »
« Non ! Il ne faut pas! Suis-moi! »
La surprise d’Arwen se transforma en colère. Elle s’écria. « Quoi! J’aurai du m’en douter! Vous êtes comme Inther, comme Maugrim! Vous êtes des esclavagistes ! »
K’arla s’approcha d’elle, son index barrant sa bouche pour l’inviter à rester calme. « Chut! … Tu vas alerter les gardes! »
« Je me fiche des gardes. Tu essaie de me tromper. Je libérerai ces gens. Et je te défie de m’en empêcher. » Arwen termina sa phrase en sortant ses sabres de leurs fourreaux.
La drow se croisa les bras en signe de paix. « Calme-toi, petite elfe. Si tu les libère maintenant ils seront repris ou abattus dans les rues de Luskan et tu attireras l’attention d’Inther et de Maugrim sur nous. C’est trop tôt, nous ne sommes pas encore prêts. »
Son assurance et son calme firent tomber la colère d’Arwen qui abaissa ses armes. « Mais… » des larmes coulaient des yeux verts d’Arwen.
« Je sais ce que tu ressens Arwen, » répondit la drow, les mâchoires serrées, « crois-moi, je n’essaie pas de te duper, et si tout fonctionne bien on viendra les libérer bientôt. »
Elle avait à peine terminée sa phrase que la porte s’ouvrait violemment. Quatre bandits entraient dans la salle, armes au poing.
K’arla fût prompte à réagir. De sa main gauche elle para avec un sabre l’attaque du premier assaillant, en même temps qu’elle lui envoyait son pied dans le bas ventre. Déséquilibré, et emporté par son élan, le garde alla s’éclater la tête contre le mur.
Arwen avait rapidement retrouvé ses esprits. Par une série de feintes et de parades elle trouva rapidement l’ouverture dans la défense du garde le plus proche d’elle.
Il ne restait plus que deux gardes. A un contre un, ils n’avaient aucune chance, et le combat fût rapidement terminé. Les deux femmes se dirigèrent vers la porte d’où avaient débouché les gardes.
*****
Pendant que Arwen, et K’arla se frayait un chemin à la recherche d’une potion, Aribeth livrait un autre combat contre une créature maléfique. Les effets des sorts lancés par Tina et par Rose commençaient à se dissiper. Aribeth encore partiellement endormie s’agitait de plus en plus. Des paroles haineuses sortaient de sa bouche.
« Les effets du sort de protection commencent à se dissiper. » Constata Rose.
« Oui, je me demande quelle sorte de créature peut posséder une telle énergie mentale pour vaincre nos sorts si rapidement ? » S’inquiéta Tina, avant d’ajouter, « Rose, fait lui avaler la potion qu’on a préparé ! »
« Je ne peux pas, Capitaine, elle se débat trop ! »
Tina, fit signe au barbare qui se tenait derrière elle.« Phil immobilise là ! » Aux ordres de son capitaine, le barbare s’approcha, il plaqua un coude sous la gorge d’Aribeth pendant qu’avec une main il lui tenait les deux mains.
Même si elle savait que c’était pour une bonne cause la vue de son amie se débattant sous la poigne de fer du barbare réveilla de mauvais souvenirs chez Tina « Doucement, Phil, ne lui fait pas mal. »
Le barbare plaida. « J’essaie Capitaine, mais elle est forte et je dois employer toute mon énergie. »
Lorsqu’Aribeth fut immobilisée, Rose lui fit avaler la potion et Tina lança le plus puissant sort anti-charme qu’elle avait en mémoire. L’effet fut pratiquement immédiat et l’elfe se détendit. Peu de temps après elle ouvrit les yeux. « Qu’est ce qui se passe ? Ou suis-je ? »
Tina fit signe à Phil et Rose de les laisser. « Calme toi Ari, c’est moi Tina ! On vient de te faire boire une potion calmante et protectrice, tu as subi une autre attaque mentale. »
Même si Tina avait réussi à desserrer l’étau qui broyait l’esprit d’Aribeth, le venin distillé par Morag était toujours présent. Comme à chaque fois qu’elle se réveillait après un de ses soi-disant cauchemars, l’âme d’Aribeth se révoltait contre les horreurs qu’elle venait d’affronter. D’habitude l’elfe se réveillait seule et pleurait de désespoir. Mais cette nuit, comme la veille, elle n’était pas seule. Une autre amie était à son chevet. Elle saisit le bras de Tina. « Tina, tue moi … s’il te plait, au nom de notre amitié, tue moi. Tue moi avant que le monstre qui est en moi ne prenne complètement le contrôle de mon esprit, avant que les horreurs que je voie en rêve ne deviennent réelles. »
Tina s’assit sur le bord du lit et répondit d’une voix pleine de compassion. « Ari, il n’y a pas de monstre en toi. Il y a juste une créature maléfique qui joue avec tes peurs et tes doutes. Cela marche d’autant mieux que tes défenses mentales sont complètement détruites. » Elle fit une pause, effleurant de ses doigts fins le bras de son amie pour la rassurer, et pour se rassurer elle-même, puis reprit. « Ari, pourquoi as-tu bu autant de cette potion ? N’as-tu pas constatée les effets sur ton esprit … et même sur ton corps ? »
Penaude Aribeth bafouilla. « Si, j’ai douté … mais c’est Fentick qui m’as donné cette potion, quelques jours avant sa disparition. Je commençais à avoir mal à la tête et à avoir des cauchemars … je ne pouvais pas imaginer qu’il ferait une erreur, c’était un expert en potion … alors j’ai pensé que c’était juste mon esprit qui était dérangé … que les évènements tragiques réveillaient de douloureux souvenirs … et en plus, dès que j’arrêtai de prendre la potion, le mal de tête devenait plus fort … j’aurai du en parler …mais à qui … Fentick était mort et la seule personne qui aurait pu m’écouter, Arwen, était constamment en mission pour nous … quand elle revenait, je voulais qu’elle se repose et ne souhaitais pas l’ennuyer avec mes problèmes. »
« Je vois ! » Tina était bouleversée. La confession d’Aribeth lui permettait de comprendre que Fentick avait probablement été corrompu par Morag en premier. Cela avait du être facile, il était si faible. Elle n’avait jamais aimé Fentick et pensait qu’il n’était pas fait pour son amie. Elle le trouvait lâche et trop malléable. De plus elle n’aimait pas ses relations, Ophala et Celdur notamment. Elle l’avait dit plusieurs fois à Aribeth, mais celle-ci, d’habitude si sage et clairvoyante, semblait aveuglée quand elle parlait de Fentick. Même maintenant, face à l’évidence elle essayait de croire à une erreur de sa part …
Aribeth devinait les pensées de Tina. Elle avait eu plusieurs fois le même affreux doute, mais, craignant la vérité, avait soigneusement esquivé les indices …par exemple le rôle réel joué par Fentick, son amitié trouble pour Desther, son flirt avec Ophala … Ne s’estimant pas prête pour une telle introspection elle préféra changer de sujet de conversation. « Mais si tu m’expliquais plutôt par quel hasard tu m’as retrouvée dans Luskan. »
Tina avait parfaitement compris la signification de cette dérobade. Par amitié, elle fit semblant de ne pas remarquer. « Oh, c’est une longue histoire ! Tu permets que je m’installe mieux pour te raconter. »
Aribeth sourit et se poussa contre le mur en tapotant la place à côté d’elle.
Voyant ce signe d’acquiescement de son amie, Tina s’installa plus confortablement sur le lit et reprit. « En fait je dois t’avouer quelque chose dont je n’ai jamais eu l’occasion de te parler. Je travaille pour Alustriel, la Haute Dame de Lunargent. Elle a perçu, il y quelques mois, le réveil de la créature que tu appelles Morag. Malheureusement, on est parti sur une fausse piste dans le Nord. Comme je possédai un bateau rapide, elle m’a confié la mission d’enquêter autour de ruines d’une ancienne race découvertes près de l’épine dorsale du monde … Après deux semaines de recherches infructueuses je suis venu à Luskan pour ravitailler mon bateau avant de repartir dans le Nord. Ici on a rapidement découvert qu’une guerre était en cours au sein des mages de la tour des arcanes, la montée en puissance d’un fou nommé Maugrim et des indices qu’une personnalité de Pasdhiver allait être la cible d’attaques pour des raisons inconnues. J’ai alors utilisé mes dons et sorts pour tenter d’en savoir plus et j’ai perçu que tu étais la cible. »
« Tu as pris beaucoup de risque, Tina. Tu ne doutes pas de la puissance de cette créature ! »
« Je m’en suis rendu compte, mais il fallait le faire, je ne pouvais pas te laisser à la merci de cette créature. J’ai alors envoyé K’arla à Pasdhiver pour te protéger et enquêter. Malheureusement son statut de drow l’a empêchée de te rencontrer. Mais tu sais elle a éliminé beaucoup des hommes de Maugrim qui essayait de t’approcher. Et puis un jour tu as disparue, alors elle est revenue me prévenir … tu connais la suite. »
« Oui, j’ai refusé de la voir. Mais crois-tu que cela aurait changé quelque chose ? » Ce disant l’elfe baissa la tête. Ce n’était pas la faute de son amie si elle avait refusée de recevoir la mystérieuse drow à deux reprises. Elle soupira de nouveau, puis redressa la tête. Son amie la regardait sans rien dire. « Ce n’est pas de ta faute Tina, tu as fait ce que tu pouvais … mais maintenant si j’ai bien compris, mon esprit est sous l’influence de cette Morag ! Si elle est aussi puissante, c’est sans espoir. Tu as déjà trop risqué pour moi, il faut mieux que tu me tue. »
« NON ! » Une des gardes passa la tête dans l’entrebaillement de la porte pour s’assurer que tout allait bien. Tina la congédia d’un geste de la main « Ari, je ne veux pas que tu dises cela. Jamais je ne te ferai du mal. Jamais, tu m’entends. Je me moque des risques, tu es mon amie et c’est tout ce qui compte … Et puis les sorts que j’ai utilisé sont puissants et vont restaurer lentement ton bouclier mental. Malgré tout, il faudra rester vigilante car la créature a réussi à créer un lien entre elle et toi, et ce lien peut se réactiver à la faveur d’une violente émotion. Il faut donc que tu restes au calme. L’antidote, lui, est nécessaire pour ta santé physique … mais ce n’est qu’une question d’heures, j’ai confiance dans les capacités de K’arla et d’Arwen … A propos d’Arwen, je me demande pourquoi Morag ne s’en est pas prise à elle. Je sais qu’elle a déjà essayé de corrompre des membres de mon équipage, alors pourquoi pas cette courageuse jeune femme qui contrarie ses plans depuis un moment ? »
Ce fut au tour d’Aribeth de rassurer son amie. « Elle a certainement essayée, mais Arwen est protégée par sa candeur et surtout par son amulette. Il faudrait que Morag soit plus puissante que Eilistraee elle-même pour l’atteindre. »
« C’est une bonne chose ! » Ponctua Tina. « Maintenant essaie de te reposer Ari, je vais lancer un sort de sommeil pour t’y aider, et je reste ici pour veiller sur toi. Et Rose n’est pas loin. »
Aribeth ferma les yeux, qu’elle rouvrit aussitôt. « Tina, si tu ne veux pas me tuer, au moins laisse moi … Tu dois combattre cette créature. M’aider risquerait de faire échouer ta mission. »
« Ari, tu es toujours aussi têtue ! » Tina sourit, puis prit la main d’Aribeth dans les siennes « c’est mon amitié pour toi qui me demande de t’aider… le jour ou tu m’as libérée de l’esclavage et de mon tourmenteur, tu es devenue mon amie pour la vie. » Elle ponctua sa phrase en portant la main d’Aribeth à ses lèvres. « Mon amie et mon modèle … Alors tu sais, rien ne m’arrêtera. J’ai peur de cette Morag, mais cela n’affaiblit pas ma détermination … Maintenant, s’il te plait Ari, fais moi plaisir et repose toi ! »
Peu de temps après Aribeth se rendormait … Tina resta à ses côtés et son esprit se concentra sur les deux femmes qu’elle avait envoyé à la recherche du précieux antidote, espérant qu’elles reviendraient saine et sauve rapidement. L’adversaire s’annonçait encore plus coriace et vicieux que prévu dans ses pires cauchemars.
*****
La pièce ou se trouvait K’arla et Arwen donnait sur un couloir faiblement éclairé et apparement vide. Au moment d’entrer dans le couloir, K’arla eut la sensation d’un contact mental. ‘Tina ?’. Le contact se fit un peu plus précis et elle perçut de l’angoisse et de l’espoir. Elle essaya d’avoir une pensée rassurante, sans être sure que celle-ci serait perçue. ‘Ne t’inquiète pas Tina, on approche du but’.
Arwen avait noté le moment d’hésitation de la drow. Elle mit cela sur le compte de l’agacement du à sa propre attitude. « Excuse moi K’arla, j’ai ruiné notre mission, l’alarme doit avoir été donnée.»
K’arla secoua la tête et répondit fataliste. « Ce qui est fait et fait. On a peut être le temps de trouver si on explore rapidement ce couloir. »
Sur leur gauche se trouvait une petite pièce carré vide et seulement meublée d’une paillasse. Probablement une salle de garde, pensa Arwen.
Un peu plus loin le couloir se divisait en trois. Sur la gauche, un court couloir rectiligne donnait sur une pièce ouverte. En face le couloir se terminait après environ une dizaine de mètres de longueur par un escalier montant. Et enfin, sur la droite, le couloir était plus irrégulier et finissait par un virage qui en masquait la fin.
K’arla indiqua la pièce située à gauche. « Les gardes venaient apparement de là. Vérifie que cette pièce est libre, puis surveille l’escalier d’en face qui doit déboucher à l’étage supérieur. Je vais voir à droite. » K’arla se faufila dans le couloir et disparut rapidement derrière le tournant.
Arwen se dirigea vers la salle de garde. Celle-ci était vide. Des verres de café, encore chaud, posés sur la table indiquaient que la pièce avait été occupé quelques instants plus tôt. Une porte verrouillée de l’intérieur débouchait en contrebas des docks. ‘Cela doit être une entrée discrète, et la pièce devait être occupée par les gardes.’ Pensa Arwen en revenant sur ses pas.
Des bruits de pas et des éclats de voix résonnaient dans les escaliers. Arwen rangea ses sabres et prit son arc. Elle venait d’arriver à l’intersection et eut juste le temps de se cacher au coin du couloir d’où elle venait.
Des hommes descendaient l’escalier.
« Slash … slash » deux flèches partirent. Un homme s’écroula, mort. Les autres refluèrent précipitemment dans l’escalier. « Attention ! Un archer. »
Peu de temps après deux hommes cachés derrière d’énorme bouclier tour descendirent prudemment l’escalier. Arwen comprit qu’elle allait devoir combattre au corps à corps. Elle sortit ses sabres. Arrivé à son contact les deux hommes lachèrent leurs boucliers et attaquèrent. L’un d’eux, un immense demi-orc armé d’une hache, dépassait Arwen de plus d’une tête. Derrière eux arrivaient deux autres hommes : un magicien et Inther …
Ce dernier la menaça, « Comme on se retrouve donzelle … mais ou est ton amie K’arla ? Elle t’as abandonnée ici ? » Sans attendre la réponse il harangua ses hommes. « Tuez là! 100 pièces d’or pour celui qui la tue.»
Ceux-ci n’avaient pas attendu l’ordre et cognaient de toutes leurs forces. Arwen paraît leurs coups puissants mais imprécis tout en reculant doucement. Elle s’inquiétait du magicien. Il était impossible à atteindre et cela donnait un avantage sérieux à ses adversaires. Elle pensa à se sauver par la porte qu’elle avait repérée, mais réussi à ne pas céder à la panique, ‘je dois tenir. J’espère que K’arla va entendre le bruit et déboucher dans leurs dos. C’est ma seule chance. ‘
Le premier sort lancé par le magicien n’eut aucun effet. Inther furieux morigéna son magicien « Imbécile, tu sais qu’elle est immunisée contre les sorts de charme ! » Puis s’adressant à Arwen « C’est dommage, j’aurai bien aimé m’amuser un peu avant de te tuer ! »
La chance d’Arwen était que le couloir étroit gênait les deux premiers assaillants, qui ne pouvaient pas l’attaquer de front en même temps, ni coordonner leurs coups.
Inther continuait de la narguer « Une contre quatre, tu n’as aucune chance Arwen, pathétique héro de Neverwinter ! Je jetterai ta dépouille aux charognards.»
Elle ignora le sarcasme, mais vit avec inquiétude que le magicien allait lancer un deuxième sort. Il commença une série de mouvements des bras, avant d’ouvrir la bouche et d’écarquiller les yeux. Il s’écroula mort, une dague plantée dans le dos au niveau du cœur. Une voix familière répondit à Inther « Erreur, serpent au foie jaune, deux contre trois. » Au même moment K’arla semblait sortir de nulle part, juste à côté de Inther. Le combat venait de changer d’âme …
« Deux contre deux ! » S’exclama fièrement Arwen qui avait profité de la confusion pour porter une botte mortelle à un de ses deux attaquants. Il ne restait que cet immense demi-orc … pas une mince affaire.
Avec plus d’espace, celui-ci redoubla l’intensité de ses coups. Arwen parait en reculant et esquivant. Son adversaire fatiguait. Elle avait réussi à l’amener à désaxer de plus en plus ses coups. Elle vit soudain l’ouverture. Son premier sabre s’enfonça à la jointure de la cuirasse du géant, au niveau de l’épaule. Surpris, le demi-orc abaissa sa garde, ce dont profita Arwen pour lui transpercer la gorge avec son deuxième sabre. L’homme s’écroula.
Arwen retira ses armes du corps et examina la situation. Inther se révélait un adversaire coriace pour K’arla. « J’arrive K’arla ! »
« Laisse-le-moi Arwen ! Je veux lui faire payer personnellement ses sarcasmes et tout le mal qu’il a fait. »
K’arla pressait dans une série d’attaques hautes. Inther essayait de parer et retourner les coups, mais les assauts répétés de la drow le forçait à rester sur la défensive. En même temps elle l’obligeait à parer un peu plus haut à chaque fois.
Une parade un peu plus lente de Inther permit à K’arla de passer sous sa garde. Immédiatement elle exploita l’occasion et lui plongea un sabre dans le coeur. Incrédule, Inther lâcha ses armes et prit le sabre à deux mains. Puis il tomba à genou, et finalement s’écroula face contre terre. « Une ordure de moins sur Faerun » fût l’épitaphe funèbre que lui dédia K’arla.
Arwen soulagé s’approcha, « ça va K’arla? As tu trouvé l’antidote? »
K’arla lui tendit un flacon tout en s’agenouillant à côté du corps de l’esclavagiste. « Tiens, prends ça! Je l’ai trouvé dans la réserve. »
« Tu es certaine que c’est l’antidote? »
K’arla répondit d’un ton neutre. « C’est ce que m’a dit le garde quand je l’ai charcuté avec ma dague. »
Arwen eut un haut le coeur et réprimanda la drow. « Tu l’as torturé pour savoir ! »
La drow haussa les épaules « Tina a dit que j’avais carte blanche. » Puis elle se mit à fouiller le mort. Dans sa poche droite elle trouva un billet chiffonné, qu’elle déplia:
“Cher Inther,
Une jeune elfe blonde aux yeux verts est récemment entrée dans Luskan. Elle est habituellement habillée d’une chemise marron et d’une robe rouge fendue et portée par-dessus une armure de cuir.
J’offre 5 000 pièces d’or à la personne qui me ramènera sa tête.
Signé M.”
K’arla siffla « 5 000 pièces d’or! » » en tendant le billet à Arwen, « Il semble que Maugrim ai mis ta tête à prix. Je dirai même un bon prix. »
Arwen eut un doute « K’arla tu ne va pas … »
K’arla protesta, « Arwen, pour qui tu me prends! »
Arwen s’excusa, en se disant qu’elle devenait un peu trop paranoïaque. « Excuse-moi K’arla … »
Sans répondre, la drow sortit la dague qu’elle avait récupérée plus tôt sur le corps d’un homme de Kurth et la planta dans la poitrine de Inther, puis elle posa à côté la cape également prise sur un soldat de Kurth.
« Mais que fais-tu ? On devrait partir. »
La drow se releva et eut un rictus, « Ca va leur faire croire que c’est Kurth qui a attaqué ici! » Devant le regard stupéfait de sa jeune compagne elle ajouta, « tu vois Arwen, la différence entre une drow morte et une drow agée, c’est beaucoup de métier, et un zeste d’intuition. Par exemple l’intuition qui m’a fait ramasser ces affaires sur les cadavres il y a quelques heures, sans savoir pourquoi je faisais cela. »
Arwen acquiesça. « Tu es presque aussi maligne que Ari. Allez viens, il y a une sortie là derrière! »
« Je vais prendre cela comme un compliment. On y va! »
*****
Avec le précieux antidote dans leurs mains, elles sortirent par la porte qui donnait au pied des docks.
Le jour commençait à poindre. Arwen constata avec dépit que la nuit avait du être dure pour les pauvres habitants; les lueurs des foyers d’incendies rivalisaient avec le pâle soleil qui pointait tout juste au-dessus de l’horizon. Elle quittèrent les parages du repaire des bandits et furent rapidement dans le quartier sous le contrôle de Tina.
Arwen retint K’arla par le bras, «attends, je dois te parler!»
« Que veux-tu petite elfe? »
Les lèvres serrées Arwen répliqua « Je… j’ai presque gâché notre mission parce que je n’avais pas confiance en toi. »
« Ne t’en fait pas, je suis habituée à voir les gens réagir comme cela. Même si je n’adore pas Lloth, je suis toujours une drow. »
K’arla avait prononcé ces mots d’un ton détaché, mais Arwen crut percevoir une pointe d’amertume dans la réponse de la drow. « Je suis désolée K’arla. Tu n’es pas en cause, je me méfie de tout en ce moment. » Après une courte hésitation elle ajouta, « et je ne te juge pas d’après ta race. »
K’arla secoua la tête en signe de dénégation. « Tu n’as pas à te justifier. Je sais que les gens ne me font pas confiance. C’est comme cela ! » Elle haussa les épaules et repris sa marche.
Arwen la rattrapa par l’épaule, « K’arla j’ai des amies drows, si tu veux bien excuser mes soupçons injustifiés, je serai heureuse de te compter parmi ceux là. »
« Et que va dire ton amie Aribeth de cela ? Elle déteste les drows. Si cela n’était pas le cas, on en serait pas là. » Répondit K’arla, qui avait en mémoire le refus de la paladine de la recevoir à Pasdhiver.
Bien que ne comprenant pas la raison de cette dernière phrase Arwen répondit. « Il faut l’excuser, elle n’est pas dans son état normal. Quand elle sera guérie et libérée du joug de la créature qui la tourmente, tu verras, c’est une fille bien. »
Le visage de K’arla s’éclaira un peu « Tu m’as l’air sincère. Alors j’accepte tes excuses, et je te prie d’accepter les miennes. J’aurai du mieux te juger plus tôt et t’expliquer que nous rencontrerions probablement des esclaves et qu’il ne serait pas possible de les libérer. »
Arwen eut un sourire triste. « Je comprends … merci, K’arla. »
K’arla rit, « Bien petite elfe. Maintenant tu ne crois pas que nous avons un antidote à livrer, et que nous avons besoin d’un peu de repos … et puis j’ai soif. Je t’offre un thé au bar du bateau. »
« Non K’arla, c’est moi qui paie … je t’offre un alcool de poire. »